Le pasteur Jo était devenu une canaille mais il ne le savait pas encore.

Le dimanche matin, il se leva de plus bonne heure parce qu’il voulait passer plus de temps avec son Seigneur et il eut bien raison. La journée devait être mouvementée.

La seule parole qu’il avait dans la tête était « Ne crains point ».

Il avait beau supplier le ciel d’intervenir en faveur du troupeau et demander un miracle, Jésus ne répondait pas.
Protéger le couple pastoral, il pressentait que ça allait être chaud, prier pour que l’évêque ait des pensées chrétiennes, quel serait l’avenir…

Seule, cette phrase, revenait sans cesse comme une litanie. « Ne crains point. »

Tant pis, se dit Jo, nous allons faire avec. Et il sorti boire son café au  bar de la place.

Son arrivée fut remarquée au point que les conversations cessèrent. Tiens, ils ont dû en parler se dit Jo avec un poids sur le cœur.

Les gens n’étaient pas particulièrement hostiles mais il y avait un je ne sais quoi d’interrogation dans l’air. Jo ne ressenti pas de menaces.

Toutefois, après avoir bien hésité, le patron du café vint se planter devant lui et mine de rien demanda. « Alors, il paraît que l’on part en vacances ? »

Notre pasteur leva vite les yeux au ciel et demanda la réponse. Il ne pouvait rien ici raconter.

D’une inspiration qu’il n’avait pas, il s’entendit rétorquer avec un brin d’amusement…

-  Oui, c’est pour bientôt et si vous voulez je vous emmène.

Le patron, ne sachant pas si on se moquait, pris les consommateurs à témoin et dit assez fort pour que tout le monde entende…

- Et où voulez-vous aller ?
- Au Paradis répondit l’autre en précisant : Et pour l’éternité.

Du coup, le monde était intéressé.

On attendait une querelle, bon enfant bien sûr car on n’est pas méchant le dimanche, et voilà qu’un pasteur parlait de paradis. Et dans un bistrot avant la messe en plus !

Jo se tourna vers ce peuple et dit d’une voix claire.

Jusqu’à maintenant dans cette église, il hocha le menton en direction du lieu saint, on a parlé de religion à des gens qui n’en avaient rien à faire et Dieu n’habite que dans les livres de chant.

Aujourd’hui, cela va changer.

Le couple pastoral et moi-même, puisque Dieu n’est pas là, nous irons à Dieu c’est à dire là où Il se trouve.

Vous voyez ces murs, les portes sont fermées quand je ne suis pas là, et Dieu ne peut ni entrer ni sortir si je l’enferme. Il n’est pas dans la vie des gens et c’est pour cela qu’ils ne viennent qu’une fois par semaine ou quand ils en ont besoin.

Si Jules, c’était le patron du troquet, laisse entrer Dieu dans sa vie, que son bar soit ouvert ou fermé, Dieu sera toujours là et Il ira où Jules se trouve.

Si deux ou trois d’entre vous laissent aussi Jésus régner dans leur cœur, Dieu sera aussi collé à leurs basques et l’Église sera avec vous. Au milieu de vous, et vous n’aurez plus besoin d’aller vous ennuyer là bas. Il désigna encore le bâtiment appelé "église".

-  S’y ennuyer ! C’est pour cela que vous quittez l’endroit ? demanda le diacre déjà bien éméché du fond de la salle 

-  Oui Marcel répondit Jo sans même se retourner

-  Mais nous ne connaissons pas Dieu ! Cria un consommateur d’une voix courroucé. C’est facile pour vous !

- Mais Lui il vous connaît répliqua le pasteur comme si il le savait. Et il continua…

Vous ne connaissez pas Dieu parce que votre péché vous voile sa face. Dites plutôt que vous ne voulez pas le rencontrer. C’est plus simple et au moins, ce n’est pas un mensonge. là, au moins, Il peut vous écouter.

D’ailleurs, Il ne demande que ça et attend avec impatience que vous vous décidiez à tourner votre tête de son coté. Vous connaissez l’histoire du fils prodigue ?

Sans attendre de réponse, Jo raconta comment un fils turbulent avait laissé son père pour courir les cafés et négliger la terre familiale.
Le jour où à force de payer des chopines il eu claqué tout ce qu’il avait, il regretta sa folie et se rendit compte qu’il avait méprisé son père. Mais il n’osait plus rentrer.

Il fallut qu’il tombe dans la déchéance pour regretter sa maison et revint demander pardon à son père. Il avait honte et n’était pas tranquille car il ne savait pas comment il serait reçu.

Mais le père, qui l’aimait plus que tout, était tous les jours au bout du chemin en guettant le retour de son fils. Il lui fit une fête et l’accueilli les bras ouvert de sorte que le coquin connut l’amour de son père. Cet amour qu’il avait tant méprisé dans son erreur .

Vous voyez tous tant que vous êtes.

Il a fallut que vous attendiez jusqu’à aujourd’hui pour savoir que Dieu vous aime et qu’Il n’attends qu’une chose C’est que vous reveniez à Lui. C’est Lui qui vous a créé tout de même !

-  Mais, pourquoi vous ne nous avez nous jamais dit ça Pasteur demanda un homme un peu méprisant.

Parce que je prêchais dans les églises et que je me suis trompé remarqua Jo en comprenant qu’il avait bien raison.

Et c’est pour ça que nous quittons aujourd’hui notre chaire et que Dieu Lui-même m’a envoyé boire le café ici ce matin. C’est ici ma place. Pas là-bas.

Tous comprirent que Dieu était venu les chercher. Il baissèrent la tête.

Jésus, Lui, fit un clin d’œil au Père et avança une pièce sur son échiquier.

Pouvons nous venir avec vous à l’église demanda un vieux qui avait aussi écouté.

Cela dépend de ce que vous voulez y faire répondit Jo en souriant.

De toutes façons, c’est l’heure du culte et je suis en retard. Un de plus ou de moins, pourquoi pas ? Mais je vous avertit, cela va être aujourd’hui un peu spécial et il y aura l’évêque.

J’m'en fous de l’évêque grommela l’ancien d’un air décidé. Je viens avec vous.

Jo régla son café et pris la direction de l’église au coté du vieillard. Tous les consommateurs suivirent et même le patron qui en vitesse ferma son cabaret. De toutes façons il n’avait plus de clients.

A l’église, les chants avaient commencés et le directeur de louange chantait un peu plus faux que d’habitude. Il faut dire qu’il faisait froid comme si un démon glacé s’était emparé de l’assistance. Seul, le pasteur Roger souriait.

Exceptionnellement, l’église était bien pleine mais ne ressemblait pas à une église réveillée. Ce troupeau de futures brebis entrant à la suite de Jo servit à dérider l’atmosphère. Les nouveaux venus ne purent pas s’asseoir.

Jugeant sans doute que s’en était assez, l’ex Pasteur principal fit taire la « louange » et s’approcha du micro.

Bien cher…amis, le  jour de gloire est arrivé et comme promis je viens vous dire Adieu.

Il n’y aura pas aujourd’hui de Sainte Cène car ce geste symbolique étant réservé aux vrais Enfants de Dieu, ceux qui ont renoncé au péché, je ne vous la distribuerai pas de peur que vous ne subissiez un jugement contre vous même. L’évêque s’étranglait.
Nous ne passerons pas le panier de l’offrande non plus parce que votre argent et pourri et vous ne pensez jamais aux pauvres. L’assemblée, heu… la fédération, est assez riche comme cela et de plus, comme l’Église a été enlevée l’autre jour par Jésus, il n’y a plus d’Église donc, plus besoin d’offrandes.

Pour mon sermon, je suis en train de vous le faire et réjouissiez-vous car il ne durera pas aujourd’hui trois quart d’heure. De plus, c’est trop tard et les Enfants Dieu et les disciples sont au ciel et pour vous la porte est désormais fermée.

Ici, dans ce lieu, vous n’avez jamais connu Dieu. C’est normal, il n’a jamais été là.

Même moi, qui vous ais prêché pendant tant d’années, je ne le connaissais pas, et ce n’est qu’il y a quelques jours que j’ai fais sa connaissance. Il est tellement grand que les quatre murs de ce soit-disant temple ne peuvent le contenir, et la robe de votre évêque ressemble à celle des grands prêtres de l’ancien testament. Croyez-vous que Jésus trouve cela joli ?

L’évêque, frisant l’apoplexie, eut le temps de penser que l’affaire était plus grave qu’il ne le croyait et compris qu’il ne maîtriserait pas la situation. Il fallait chasser ce pasteur ou  fermer cette église.

Jo, pensait lui que ce pasteur là était un type, et que le Seigneur avait trouvé là un bon ouvrier.
Sa femme, si elle n’applaudissait pas des deux mains le discours de son homme, savait au fond d’elle même qu’il fallait en passer par là.

« Il est sorti du tombeau, la mort a perdu sa puissance. »

Restait le petit groupe que Jo avait emmené qui se demandait si c’était du lard ou du cochon.

N’étant pas enseignés, ils ne comprenaient pas un traître mot de ce que disait ce pasteur mais trouvaient que cela ressemblait assez à ce que leur racontait Jo en buvant son café.

Ils sentaient là une puissance qu’ils n’avaient jamais rencontrée ailleurs et voulaient en savoir plus. Ils décidèrent, en échangeant des regards, de rester encore un peu même si c’était l’heure de l’apéro.

Marcel, le diacre ivrogne, pleurait en cachette derrière un pilier.

La comédie pris fin et Pasteur Roger, avec autorité, chassa le péché de l’Église. Il ne resta plus que nos trois amis et le groupe du café qui ne voulait partir. Ils attendaient quelque chose.

L’évêque, lui, de son portable avait appelé un taxi et on ne le revit plus jamais. Il sort de cette histoire.

Il y avait maintenant des chaises vides et le cabaretier invita sa clientèle à s’asseoir à la place des pécheur chassés.

Jo repris la parole après avoir coupé le micro, il n’en avait plus besoin, et les invita à comprendre les voies du Seigneur qui pour une fois ne furent pas impénétrables. Roger et Martine discrètement priaient et réclamaient ces âmes pour le Royaume de Dieu.

Ces cœurs, non gavés d’évangiles et de bondieuseries, comprirent la présence et la grâce de Dieu, la réalité du péché, l’enfer, le Paradis et l’éternité. Ils voulurent changer de conduite et donnèrent leur vie à Jésus.

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