La suite de cette histoire est incroyable.
Le lendemain, les deux pasteurs reçurent par mail un avertissement qu’ils auraient au plus tôt, selon les règles en vigueur, à se présenter à la fédération pour un entretient en vue d’un "éventuel" licenciement pour faute grave. La faute n’était pas précisée mais cela n’avait pas d’importance puisqu’ils étaient déjà virtuellement partis.
Ils devaient se préparer à plier bagages pour le jour très proche où ils seraient remplacés.
Dans l’attente, on décidait de fermer cette église à titre conservatoire, et personne n’avait rien à dire car la fédération faisait ce qu’elle voulait puisque les murs et les âmes lui appartenait.
Les membres étaient cocus mais on s’en fichait ; Ils n’avaient qu’à pas donner leur argent mais de toutes manières, aucun n’avait l’idée de revenir car le diable s’était emparé de ce bâtiment.
Un bâtiment qui au passage avait fini par accueillir au moins quelques hommes repentants.
Bon, d’accord, on avait été les chercher dans un lieu de perdition mais nous n’allons pas chipoter.
Si les murs de l’église n’appartenait pas aux gens de la ville, les âmes nouvellement nées elle, appartenaient à l’Église, et finalement ce sont ces murs qui les avaient enfantés. Même si c’était la première fois qu’ils y mettaient les pieds.
Fort de ce constat, les pasteurs dirent à Jésus mais dis donc…
Cette église, elle est à qui ?
A une fédération ou à toi que l’a édifiée.
Puisque ces bâtiments sont vides maintenant, donc libres, et qu’il y a des Enfants dans ta ville, ne serai-il pas juste que cette église reste l’Église et ne meure pas encore entre des mains indignes qui n’ont pas travaillé ?
Bien sûr, pour un ordinateur, un philosophe, un religieux, ou un simple être humain, ce raisonnement est absolument stupide. Légalement, sur le papier, ces murs appartenant à la fédération, cette dernière peut en faire ce qu’elle en veut. Un cimetière si cela lui fait plaisir.
Mais pour un homme de Dieu, cette idée tient la route car les pensées du petit peuple ne sont pas celles de Dieu, et loin s’en faut tant elles sont éloignées les unes des autres.
Jo et Roger décidèrent de sauver l’église bâtiment en faveur de l’Église de Jésus-christ. Ils devaient être fous.
Pas tant que ça.
Jésus n’avait rien promis, mais les quelques uns qu’ils étaient s’étant accordés. Ils avaient demandé à Dieu la permission d’entrer en possession de cet héritage.
Comme ils n’avaient pas assez de place dans leurs appartement respectifs et que l’église était officiellement fermée, ils se réunissaient dans le café de Jules qui, si il avait un peu moins de clients, expérimentait la grâce de Dieu. Il dira plus tard qu’il n’avait rien perdu au change.
Toute la ville sut que les pasteurs voulaient racheter une l’église qui n’était pas à vendre, et les autres congrégations du coin lançaient des accusations contre ces loups ravisseurs qui voulaient déposséder la fédération ennemie de ses biens séculiers. A part l’Église, personne n’avait demandé son avis au Seigneur.
Lequel, Lui, savait ce qu’Il Lui restait à faire.
Marcel, l’ex diacre ex ivrogne qui buvait maintenant du coca, avait une cousine dans la finance.
Il alla lui conter fleurette et lui raconter cette histoire pour lui demander conseil.
Non pas qu’il cherchait un hypothétique crédit pour tenter de conclure une affaire, mais tout simplement parce qu’il savait la fédération radine et apeurée par les scandales.
Il s’était dit qu’après le coup de la démission des pasteurs et le tsunami qui avait ravagé la paroisse, et toute la région au passage, un nouveau révérant aurait bien du mal à remplir ses chaises. De plus, la publicité et une nouvelle mise en route coûterait bonbon.
En temps, en énergie et en argent.
De plus, la réputation de la place était déjà faite, et bien malin celui qui redresserait la barre. Il faudrait au moins un saint pour ce miracle et nous n’en avions pas sous la main.
Son idée était que mise devant le fait accompli, la fédération serait peut-être contente de réaliser un bien qui se sentait mal, et qu’il y aurait peut-être moyen de tirer les marrons du feu avec un peu d’expertise. Marcel avait un ancêtre se prénommant Jacob.
Par contre, le montage d’un dossier financier n’était pas de sa partie et, avant de proposer l’esbroufe aux chrétiens qu’ils étaient, il valait mieux tâter le terrain et consulter plus compétant que lui.
Sa cousine, Josiane, était aussi chrétienne mais d’une fédération concurrente.
En fait, pas concurrente du tout puisque l’Église qu’elle fréquentait n’avait pas de Pape si ce n’est le Christ en personne.
Josiane était donc neutre et cela servait son dessein car comme chacun le sait, entre les églises parfois….
La sœur écouta le cousin et lui dit qu’à Dieu rien n’est impossible.
Pour le montage financier, il faudrait un apport et des garants, l’idéal étant pour les Enfants de Dieu de payer cash, mais il serait toujours à temps d’examiner la situation au moment voulu. Si c’est de Dieu, la finance viendra. Curieux credo pour une employée de banque.
La question était de savoir si la fédération serait vendeuse, et si c’était les cas, engager un négociateur qui saurait emporter l’affaire à bon prix.
- Je vais téléphoner à un ami à moi habitué à ce genre de choses proposa Josiane.
Par contre, il vous faudra prier pour que Dieu prépare le terrain et vous réserve l’espace car, dés qu’on saura qu’une affaire s’engage, il risque d’y avoir d’autre amateurs et ceux qui manipulent l’argent savent faire monter les enchères.
La sœur pensait à tout. Peut-être un signe de Dieu.
N’osant pas encore en parler aux frères, Marcel entra dans sa chambre comme un de ces petits innocents que Dieu écoute et dont il exhausse les prières pour autant qu’elles soient selon Sa volonté.
A lui seul, le petit diacre comptait fléchir la main de Dieu.
L’incroyable se produisit dans la semaine même quand, victime d’une fatale erreur boursière, la fédération rencontra des ennuis et eut besoin de liquidités. Je vous ais dit que Marcel priait.
Le comité de la fédération lui aussi priait le Dieu qu’il connaissait a peine pour qu’Il envoie l’oseille pour renflouer la caisse.
Jésus, finaud Lui aussi, envoya le négociateur le lendemain matin.
L’affaire fût vite emballée car l’envoyé de Dieu était plus roublard que ses adversaires. Plus prosaïquement, il compris tout de suite que ces gens avaient besoin d’argent le plus vite possible. On a toujours du mal à cacher ce genre de mal fort honteux.
Ils signèrent un accord de principe.
Il ne restait plus qu’à trouver la finance mais les gens du métier savent être bien efficace surtout quand Dieu est dans leur camp. Un investisseur fut trouvé dans l’heure pour assurer la première traite et bloquer le marché.
Ce fut assez simple en fait.
Josiane avait un client un peu croyant mais pas assez pour aller à l’église. La sœur lui parlait du Seigneur et ce client, appelons-le Boniface, avait été touché par l’histoire de Jo et de son ami le Pasteur principal.
Le fait qu’ils se réunissent au bistrot n’était pas commun et, si cela faisait jaser les autres église, lui trouvait ça très bien quoi qu’il n’eut pas osé aller les rencontrer.
Sans jouer les mécènes, il accepta de prendre le risque car, ainsi était rédigé le contrat, si on ne trouvait pas la somme dans le temps imparti l’avance serait perdue.
Pour la première fois, Boniface fit confiance à Dieu, se pencha lui aussi dans la prière et le contrat du moment fut signé.
Il fallut prévenir l’équipe et Marcel, entre deux bégaiements d’émotion et de joie, annonça à ses frères qu’une promesse de vente avait été signée avec la fédération pour l’achat des murs de l’Église.
Dans le bistrot, ce soir, les louanges montèrent vers le ciel au point que les gens du voisinage venaient voir ce qui se passait. Des dizaines de badauds s’agglutinèrent devant la vitrine du bar, sans un mot, regardant la Gloire passer. Déjà, tout le monde avait déjà oublié Marcel.
Dés le lendemain, l’argent commençât à affluer.
Les pasteurs vidèrent leurs comptes les premiers, chacun tapa dans ses économies, des mécènes inconnus envoyèrent leurs oboles à l’adresse du café sans que personne ne leur ait rien demandé.
Une grosse somme arriva sans qu’on ne connut jamais l’envoyeur, et des gens, bons et mauvais, mirent la main dans la poche pour prêter à la communauté ce qui manquait pour boucler le budget.
Le cabinet dans lequel Josiane était employée offrit gracieusement ses services pour gérer la manne sacrée et rédigea les contrats de prêts qui stipulaient qu’au cas ou l’affaire capoterait avant terme, les souscripteurs seraient intégralement remboursés. Il s’en portait garant.
En quelques semaines, la quasi totalité des fonds avait été récoltée et le jour de la signature approchait. Il ne manquait que cinq pour cent de la somme.
Subitement, les flots cessèrent de couler et on en pria de plus belle mais Dieu ne répondait plus. Il avait soudainement arrêté de parler.
Un temps froid humidifiait la ville et un vent glacial parcourrait les allées.
L’euphorie de la fête peu à peu, quitta le quartier et le moral des gens tomba brusquement sans qu’on sache pourquoi. Que s’était-il passé, quelle erreur avions nous commise ?
La porte de l’église était toujours fermée.
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