Ah, la fête mes amis, quelle fête !

Tout le monde pleura. Tout le monde dansa. Tout le monde riait et s’embrassait. Même le petit vieux ne savait plus où donner de la canne.

La nouvelle fit le tour du canton à une vitesse phénoménale, tout le monde était invité, et même le Maire de la ville vint danser avec nous autres parce qu’il s’était invité lui même.
Non pas en tant que Maire, mais en tant qu’individu touché par un témoignage qui pourtant ne le concernait pas. Il se disait athée.

Martine s’entoura du plus grand nombre de jeunes filles qu’elle pu en trouver et emprunta la camionnette du cafetier pour se ravitailler car il y aurait du monde ce soir à l’agape qui avait été décrétée. Un repas chrétien pour fêter avec des païens l’ouverture de l’Église qui avait commencée dans un bistrot de quartier.

Un dimanche matin avant le culte.

La fête, mes amis, je ne peux la raconter.
Ce dont je me rappelle, c’est que le pasteur Roger, un frère comme les autres, avait expliqué aux invités ce qu’était une église et que ces murs, dont ils venaient d’hériter, ne servaient qu’à abriter les fidèles les jours de pluie.

Il dit que l’Église, ce n’est pas un vulgaire bâtiment ouvert le dimanche matin et quelque fois en soirée, mais c’est le bistrot d’en face, la maison de Marcel, la rue quand des chrétiens s’y promènent, le bureau de Josiane, et même la Mairie pourrait en être si ceux qui y travaillent s’intéressaient plus à Dieu qu’à la politique. Monsieur le maire se trouva subitement dans de trop petits souliers.

Il rendit grâce à Dieu parce que ce local qu’Il avait prêté à Ses Enfants, était déjà équipé, et qu’il disposait d’un baptistère ce qui sera plus confortable pour baptiser les nouveaux élus puisque qu’on entrait en hiver et que ça commençait à cailler au bord de la rivière.

Pasteur Roger profita du sujet pour expliquer aux nouveaux disciples ce qu’était le baptême, qui n’était pas un simple coup de goupillon, mais une prise de conscience, l’obéissance à Dieu et un témoignage devant  les hommes signifiant que nous avons volontairement décidé  de passer des ténèbres à la lumière. Oui, un témoignage.

D’ailleurs, à ce propos, ici, nous ne baptiserons pas n’importe qui.

Il faudra avoir abandonné le péché et, quand on vous trempera, on verra bien si l’eau reste limpide ou si elle est trouble de la couleur de votre âme.

Il va aussi falloir dorénavant laisser tomber ce mot désuet « chrétien » qui ne veut plus rien dire de nos jours, mais reprendre celui d’origine donné par Jésus Lui même.

Il n’a pas dit « Allez de par le monde et faites partout des chrétiens » mais il a dit de faire des disciples et de les enseigner.

C’est autre chose, et croyez-moi si vous le voulez mais si les anciens locataires avaient été des disciples, ils seraient parmi nous ce soir, dimanche, et pour l’éternité.

Chers amis, chers frères pour ceux qui le sont, seulement trois choses demeurent.

La foi, l’espérance et l’amour.

Si il vous manque une de ces trois choses, vous ne connaissez pas Dieu car ce sont les prémisses qu’Il donne en cadeau de bienvenue à ceux qui se réfugient en Lui.

Nous parlerons de toutes ces choses demain, après demain, tous les jours ici où là, chez Jules qui accueille les disciples avec les ivrognes, chez toi, chez moi, partout où on veut nous entendre.

Roger redescendit de l’estrade et laissa sa place au disciple Jo qui emmena ce peuple avec lui dans la prière.

Il demanda à Dieu de toucher de son doigt ceux qui ne le connaissaient pas, de faire sentir Sa présence, de bénir encore plus richement ceux qui l’avaient déjà rencontré, et offrit à son Seigneur cet édifice sachant bien sûr qu’il lui appartenait déjà.

Jésus, du haut du ciel, d’un geste, bénit Ses Enfants et cette ville qui il y a peu encore ne le connaissait pas.

— &&& —

Le bâtiment d’église resta tel qu’il était ou presque.

Nous avions juste un peu poussé les bancs et empilé les chaises au fond de la salle principale, celle qui servait au culte, de sorte que nous avions plus de place pour faire ce qu’on voulait.

Il fut vite convenu qu’au moment des réunions plus formelles, les gens s’assoiraient où il le désiraient et, si il manquait des chaises, le visiteurs habitué ou pas, irait chercher la sienne et l’installerait où bon lui semble.

Il fut  question du nom à donner au local mais il fut vite convenu qu’on n’en aurait pas besoin et tout le monde continua à nommer le lieu « l’Eglise ».

Une différence apparut tout de même dans la terminologie car les gens du secteur, croyants ou non, eurent tôt fait de comprendre qu’il ne s’agissait pas de « l’église » au sens de bâtiment qui accueille une congrégation mais de l’Église avec un grand « E ». l’Église de Jésus-Chrit.

Ainsi, à la grande colère de leurs pasteurs respectifs, des membres d’autres dénominations que celle qui était implantée avant que Dieu ne récupère Sa Maison, vinrent nous visiter et le premier réflexe de Roger fut de les renvoyer tant il avait la crainte qu’on le traite de voleur d’âme. Il y avait un problème de ce coté.

Déjà, il était anormal, selon les instances religieuses « concurrentes», que ce nouveau lieu de culte ne soit pas fédéré, et que celui qu’on croyait encore le Pasteur en chef ne soit pas chapeauté par une «couverture spirituelle». A qui verserait-il la dîme ?

Ensuite, il y avait grand danger que leurs propres brebis quittent leur assemblées et rejoignent le rebelle ce qui ne se fait pas.

Jo et Roger se posèrent question et, le Saint Esprit aidant, on trouva la parade.

Pour la dîme de tout, on la verserait aux pauvres et Dieu aurait sa part. Point de cancan à redouter.
Pour ce qui est des brebis des autres églises, nos deux pasteurs savaient déjà qu’on n’était pas sorti de l’auberge et, sans se trouver mesquins, voyaient tout naturel que les brebis du Seigneur quittent les faux pasteurs pour se rapprocher du Berger.

- Il y a quelques mois, je ne tenais pas ce discours pensa Pasteur Roger avec un peu d’amertume .

Il fut donc décidé un entretient avant toute inclusion dans l’Église des âmes qui viendraient d’une autre paroisse. Il fallait discuter.

Jésus, dans le secret, en direction des pasteurs dépossédés de leurs ouailles infidèles, prépara une lettre ainsi rédigée.

«  Cher serviteur, :)

J’ai appris avec tristesse qu’une âme se préparait à quitter votre troupeau pour rejoindre le mien à l’autre bout de la ville.

J’en suis triste pour vous car vous n’avez pas su la garder alors que vous avez reçu pour mission de paître mes brebis et de ne pas les perdre.

Dans le fond, ce n’est pas plus mal car "chacun chez soi" et les fausses brebis ne feront plus de mal aux vraies si fragiles et ces dernières pourront ainsi croître comme je vous ais enseigné.

Elles restaient parce "qu’elles ne savaient pas où aller" et votre prédication disait qu’elles avaient bonne influence sur les autres mais je constate qu’il n’en a rien été. Les pécheurs restent pécheurs chez vous.

Comment pourrait-il en être autrement puisque ils sont morts comme vous l’êtes vous-même mais vous n’en savez rien. Un mort ne grandit pas.  :(

Vous savez ce que je vais faire ?

Je vais vous envoyer mon Esprit pour que vous receviez une conviction de péché et expérimentiez  la repentance.

Comme à toutes mes créatures, je ne vous impose rien, et vous êtes libre de choisir entre la vie et la mort. Choisissez la vie afin que vous viviez.

Si vous ne m’écoutez pas comme vous avez repoussé mes prophètes, vous mourrez et j’en suis désolé. Je ne peux vous accepter dans mon Paradis sale comme vous êtes Vous l’avez prêché si souvent ! 

Là, vous aviez raison.

Le diable vous attendra à l’heure de votre mort physique et c’est tant pis pour vous.

Je ne vous dis donc pas « Adieu » mais « A diable ».

Vous êtes déjà Jugé !

Jésus, Fils de Dieu.

Ps : Laissez mes vrais serviteurs Jo et Roger tranquilles. On ne touche pas à l’oint de l’Éternel."

Jésus se demandait si il enverrait ses missives par La Poste ou par mail, car les autres méthodes étaient restées sans réponses. Prophéties, paroles de connaissances, la Bible, Sa Parole bien sûr, et même les « avertissements » qu’il donnait ça et là profitant des circonstances ne faisaient jamais leurs effets.

Il opta pour La Poste car la parole s’envole mais les écrits restent.

ichtus-mini

Il fallait que les âmes qui « viendraient « d’ailleurs » ne changent pas juste d’ église. Cela s’était déjà vu.

De Catholique, on devient « Protestant », ou parce qu’ici on ne proteste pas assez (contre les idoles) on va changer de dénomination.

Il peut arriver que je n’embrouille avec un frère, mon pasteur, son évêque, ou que la dénomination à laquelle je pointe change sa profession de foi et que ses nouvelles options ne me conviennent pas.

C’est souvent la cas quand par exemple on vire à l’œcuménisme. Il n’y a pas plus traître que cela.

Pendant longtemps, on a fustigé les « prêtres », leur célibat, leur Maria idolâtrie, le culte des morts, le parler en langue chez les pentecôtistes, l’étroitesse des Frères larges, le culte de la personnalité des gourous patentés, la démonologie exubérante de certains fadas identifiés et plein de choses encore.

Maintenant, la mode, c’est l’unité, le rassemblement, l’amour pour toutes les religions, et Christ a rétréci au lavage (de cerveau) des chefs spirituels qui se rencontrent pour faire bombance d’hypocrisie, de compromis et de mensonges. Les ennemis d’hier sont amis aujourd’hui, et parce que la fédération a décrétée qu’un chrétien ne peux héberger de démons, il faut la croire sur parole et se soumette.

Sous peine excommunication. :(

Alors, nous ne nous sentons plus à l’aise et cherchons un autre lieu pour abriter nos alléluias et donner notre dîme.

Une nouvelle église (lire une autre assemblée) est une aubaine pour un tas de gens qui « quittent les assemblées » pour une raison ou pour une autre, surtout pour ceux qui en savent plus que les autres et cherchent tribune pour prêcher.

Seulement, toutes les assemblées se ressemblent et je n’en connais pas une qui avance vraiment dans la vérité. Elles sont toutes construites (ou presque) avec le même moule et les hérésies sont plus nombreuses que les bénédictions .

Ce n’est pas vrai ?

Alors, pourquoi tant d’églises sclérosées, mal fichues, tristes, pénibles, vides, malheureuses, impotentes ? Sans Christ quoi !

Et comme il y a des « églises » partout, c’est facile de naviguer de l’une à l’autre et il se raconte que quand on en trouve une bonne, on y apporte ses propres péchés.

C’est pour cela qu’il est délicat pour un responsable d’église, un ancien, d’intégrer une ouaille qui vient d’ailleurs, surtout si il ne sait pas pourquoi elle a quitté son ancien lieu de culte.

Vient-elle chez nous parce qu’on chante plus fort, parce qu’il y a un orgue électronique, parce qu’on impose pas le foulard aux femmes ou que le culte se termine plus tôt ?

Cherche-elle « une église » ou la communion fraternelle ?

Il va falloir discerner si la personne cherche à vivre la foi ou si elle cherche un club comme les autres. Jo et Roger auraient bien du travail.

Pour la Pastorale du coin, nos pasteurs n’avaient pas encore reçu d’invitation mais ça ne saurait tarder. On aurait à sauver les apparences.

Mais pour le moment….

Bien que détestés par le corps ecclésial de la région au grand complet, nos amis étaient incontournables car les échos qui arrivaient aux oreilles du Sanhédrin leur étaient plutôt favorables. On ne pouvait pas ne pas les écouter.

Selon ce que pensaient les uns ou les autres, il était heureux et dommage que la crucifixion ne se pratique plus. Dommage pour les religieux et heureux pour nos amis.

Ils n’avaient rien à leur reprocher mais, instinctivement, les pasteurs en place considéraient le duo comme des ennemis. Ils risquaient de perdre leur superbe et la main mise sur le Peuple de Dieu.

Cela rappelait à Jo cette histoire il fut un temps à Éphèse.

L’apôtre Paul était venu prêcher et les marchands d’idoles craignaient pour leur butin. Ils ameutèrent la foule.

C’est ce que fit une discrète coalition de pasteurs patentés, pour une fois unis, ce qui fera glisser Jésus à son Père…

- Tu vois, ils te prient pour l’unité sans la vouloir. Ils l’ont fabriquée pour l’occasion.

ichtus-mini

Chez nous, on appelle ça un commerce éphémère.

Commerce car on défend ses intérêts et éphémère car ça ne peut durer.
Après la période de la chasse, chacun rentrera chez soi avec ou sans trophée.

Sans même s’en rendre compte, ils inventèrent une histoire de secte qui utilisait la Bible pour voler les membres d’églises et on parlait de coup d’état dans la fédération propriétaire de celle qui s’était fait spolier. Comme si une église appartenait à quiconque !

Mais c’était comme cela.

A Reims, dans l’est de la France, il y avait eu une tentative de ce genre, et la fédération ayant refusé le pasteur  conseillé  par le conseil presbytéral, en avait proposé un autre. Un des siens.

Mais les membres de cette église avaient décidé de rester biblique et voulaient installer comme ancien un de leur assemblée. Il n’en était pas question.

Après bien des palabres et un combat sans fin, la fédération fit du chantage en disant aux chrétiens du cru que si ils n’acceptaient pas le pasteur envoyé, ils fermeraient l’église. On verrait bien qui aurait raison.

Ce que les chrétiens du cru ne savaient pas, c’est que juridiquement, les dîmes et les offrandes étaient propriétés de la fédération ainsi que les murs de l’église. Ils devaient se soumettre.

Ayant encore dit « Non », ils trouvèrent un dimanche matin les portes de l’église cadenassées sans autre forme de procès et durent se soumettre à "La Toute Puissante".

Dans notre histoire à nous, il se disait que "ces pasteurs ennemis avaient manœuvré pour racheter l’église, avec l’argent de leurs victimes bien entendu, et allaient maintenant ouvrir une méga-church avec les membres de nos assemblées. Si ils avaient été catho, ils en auraient appelé au Pape puisque le Conseil National des Évangéliques de France, n’existait pas encore. Il faudrait l’inventer."

Le bruit couru très vite que ces pasteurs n’étaient que des canailles mais ça, on le savait déjà. Ils n’eurent pas d’échos.

Le Maire de la ville, discrètement sollicité par les amis d’un ami de l’église Baptiste, ne pu rien pour eux car il avait assisté au spectacle et n’y trouvait rien à redire.
Au contraire, il était lui-même secoué par les Paroles qu’il avait entendu et ce bel élan de solidarité désintéressé qu’avait suscité cette affaire.

De plus, il tenait de la Préfecture que légalement, ces gens s’étaient déclarées en association et qu’aucun des deux novateurs de l’histoire n’était dans le bureau ou conseil d’administration et n’avait rien à voir avec les finances.

Le député, saisi lui aussi par une voix presque anonyme, raconta au Sénat que tout allait bien et, que si il devait choisir entre la moralité de ces deux-là et celle de certains membres de la Pastorale, , son choix serait vite fait il n’y avait pas photo.

Leur campagne fratricide n’ayant au bout de quelques mois rien donné, les pasteurs en place lancèrent aux pasteurs de l’Église leur première invitation.

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