Pendant ce temps, Jo, paraphrasant un de ses illustre ancêtre, placarda aux portes de l’Église l’avis suivant.

Avis aux visiteurs :

Ce bâtiment n’est pas une église mais un simple bâtiment prévu pour accueillir ceux ou celles d’entre vous qui voudraient en savoir un peu plus sur Dieu.

N’importe qui peut frapper à cette porte, ce qui est vivement conseillé, mais comprenons bien que le fait de venir ici ne fait pas de vous automatiquement un chrétien. Pour ce faire, il faut être sauvé (de l’enfer) ce qui ne peut pas être si vous n’avez pas abandonné le péché.

Plus de renseignement à ce sujet lors des rencontres d’information tous les jours à 18h30

Pour les déjà sauvés, Disciples pour les intimes (qui sont aussi des Enfants de Dieu), des rencontres privées ont lieu sur invitation exclusivement dans ce lieu ou dans d’autres et de façon tout à fait informelles.

Pour les pauvres ou n’importe quelle demande, vous serez toujours reçus, de nuit comme de jour, mais ne confondez pas notre hospitalité avec le n’importe quoi qui règne en cette matière. Seuls les vrais pauvres seront rassasiés et les profiteurs sont priés de passer au large ou de ne venir que pour écouter la Parole de Dieu.

A propos de prière, nous sommes là pour cela mais ne seront faites que celles qui sont dans la volonté de Dieu. Nous n’avons pas de temps à perdre et il y a beaucoup de besoin.

Enfin, tout ce que nous donnons est gratuit. Il n’est pas la peine d’essayer d’acheter chez nous le salut ou d’autres avantages qui ne sont en aucun cas à vendre.

Merci pour votre compréhension.

Signé : L’Église qui est dans notre villes.

Jo avait hésité pour la signature car il se doutait bien, sans doute à juste raison, que les autres congrégations du secteur ne manqueraient pas de les accuser de sectarisme et de ne pas garder la tradition qui dit que tout le monde est invité à la table du Seigneur lors d’un culte et de la messe. Jo et Roger n’était pas de cet avis.

Si tout le monde est sauvé, se dit-il, Christ est mort pour rien et je me demande pourquoi lire la Bible et nous efforcer de nous trouver sain devant Lui.

« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. » Apo:21.8

Allons, ils le prendront comme il le voudront mais de toutes façon, si la lettre tue, c’est l’Esprit qui vivifie se rassura-t-il en haussant les épaules, et si ils ne comprenne pas ça, je suis désolé, je ne peux rien pour eux. :(

Il entra dans le bâtiment et alla aider Roger qui préparait sa liste pour distribuer les rôles.

Combien sommes-nous frère ? demanda-il à son aîné qui travaillait à répertorier les âmes qui les entouraient maintenant.
Une bonne vingtaine répondit l’autre avec joie. Plus le Maire qui ne va pas tarder à nous rejoindre.

Que Dieu t’entende ! soupira Jo une douceur dans le cœur. C’est une belle âme.

ichtus-mini

Le Maire, puisque on parle de lui, pendant ce temps méditait dans son bureau feutré et se demandait qu’est-ce qu’il lui arrivait.

Je ne suis pas un mauvais bougre se plaidai-il à lui-même en le croyant vraiment.
Je m’occupe bien de mes administrés, ne compte pas mes heures, m’arrange toujours pour que les associations se préoccupant des pauvres aient la meilleur part des subventions, je donne moi-même pas mal, je ne trompe pas ma femme, alors….

Mais pourquoi ais-je été transpercé quand ce pasteur m’a dit l’autre jour dans l’église…

"…même la Mairie pourrait en être si ceux qui y travaillent s’intéressaient plus à Dieu qu’à la politique."

Cette phrase ne l’avait pas lâchée depuis le fameux soir et elle ne lui faisait pas mal. Plutôt du bien et, sans le vouloir, il la chérissait. Il avait déjà déterminé ce qu’il allait faire.

Il téléphona au pasteur.

-Bonjour pasteur, je suis Georges Lapige, le Maire de la ville, je voudrais m’entretenir avec vous.
- Et de quel sujet ? Rétorqua Roger déjà méfiant en jetant un coup d’œil vers Jo qui venait de le rejoindre ?
- Écoutez, repris Georges en hésitant, votre histoire m’a intrigué (il n’osait dire « bouleversé »), et je voudrais en savoir plus sur ce que vous faites et ce que vous dites parce que j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose. Puis-je venir vous voir ?
- Ok, venez dîner ce soir si vous n’avez pas d’autres engagements, il y a a des raviolis et ma femme les prépare à merveille. Cela vous convient-il ?
- J’y serais cria presque le Maire en raccrochant précipitamment.

Jo et Roger comprirent alors que le Seigneur était à l’œuvre. Maintenant.
Ils tombèrent à genoux, levèrent les bras et adorèrent Dieu.

ichtus-mini

Nous sommes désormais vingt et un annonça placidement Roger à son ami. Il faut nous organiser.

Je propose que nous convoquions notre petit monde et organisions la tâche en tenant compte de ce que chacun peut faire selon ses dons et ses capacités. Il y a du travail.

Oui, répondit Jo sans avoir aucune idée de ce qu’il y avait à faire ni de qui le ferait. Il faut nous assurer que ces gens sont d’accord d’aller où Dieu veut les emmener et surtout les laisser faire. Mais nous aurons des ennuis.

Les deux savaient que le diable attaquerait toute personne désirant de bon cœur se mettre au service de Dieu.
Cela en serait pas facile, mais le dernier encouragement qu’ils venaient de recevoir leur confirmait que le Seigneur était avec eux et construisait Son Église.
Eux, ne feraient qu’obéir aux ordres et à apprendre à leurs frères à donner tout ce qu’ils avaient histoire de laisser le moins de prise au diable qui sait nous accrocher avec les futilités que nous voulons garder.

Jo se rappela de ce frère qui, dans une autre église, avait voulu participer à une action d’évangélisation voisine de sa sphère.

Son épouse, pourtant chrétienne acharnée et aimante, n’appréciait pas du tout ce nouvel engagement et prit prétexte qu’elle était enceinte pour essayer de retenir le frère à la maison.

Le frère persévéra et emménagea son temps de manière à ne pas léser l’épouse mais la persécution vint bientôt. Madame tomba malade.

Flairant le piège, l’équipe pria pour la malade sans même qu’elle le sache et le diable se retira. Pour l’instant.

Il revint à la charge, violemment, et les troubles se précisèrent. Madame menaçât et le méchant souffla l’idée qu’elle pourrait bien perdre l’enfant. Tout le monde tremblait.

Une nouvelle bataille spirituelle, une nouvelle victoire mais ce n’était pas fini. Madame fit sa valise et alors…

Alors, le frère, qui était longtemps resté célibataire forcé eut peur pour sa vie maritale. Sa vie à lui.
Il abandonna l’œuvre et Madame revint au foyer. Fin de l’histoire. :(

Le couple a retrouvé comme par hasard sa sérénité et a recommencé à piailler dans son église. L’œuvre a continuée sans et subsiste encore aujourd’hui. Elle ne piaille pas elle, elle travaille.

Il faudra avertir les frères dit Jo, les enseigner sur le sujet et leur faire lire ce passage où il est question des disciples qui trouvaient trop dur de Le suivre. Formons des disciple, Roger, pas des chrétiens.

Roger avait déjà compris cela car Dieu lui avait déjà parlé. Ils avaient déjà aussi commencé à payer le prix et savaient que, bien que la dette eut été réglée au calvaire, tous ceux qui veulent suivre Jésus sont persécutés et ceux qui ne le sont pas sont ceux qui ne dérangent pas les ténèbres. Le Maire Georges Lapige comprendrait-il cela ?

Oui, dit Roger pensif, nous allons leur dire.
La prochaine rencontre générale est prévue pour demain et cela nous laisse le temps pour préparer nos propres esprits à accepter le défis. Nous n’avons pas d’autre route à suivre.

ichtus-mini

Parmi les futurs disciples qui participeraient à cette rencontre privée, quelques uns avaient déjà fréquenté des églises et seraient un peu désorientés. Cela serait délicats.

Pour les autres, tous de nouveaux convertis, l’ex-diacre Marcel y compris, cela serait plus facile car ils n’avaient pas découvert une religion mais le Christ Lui-même et c’est tout naturellement qu’ils avaient déjà commencé à marcher dans Son obéissance.

Oh ! Pas pour dire « Amen » aux « fait-pas-ci » fait-pas-ça » ou se mettre sous une loi que la plupart d’entre eux n’imaginaient même pas, mais parce que leur vie avait été bouleversée et ils détestaient tout simplement désormais le péché. Ils étaient nés de nouveau sans le savoir.

Pour concrétiser cela, Roger avait parlé d’une série de baptêmes et il devrait leur expliquer cela. Il était certain que cela leur plairait.

Ils décidèrent donc pour le suivant dimanche d’ouvrir l’Église au peuple de la ville qui servirait de témoin. On présenterait publiquement les nouveaux Enfants de Dieu et en profiterions pour évangéliser le territoire.

Dimanche donc, pas de Sainte Cène que nous réserverions aux seuls Élus, pas d’offrande parce qu’il n’y a aucune raison que le public paye quoi que ce soit, pas de cantiques de louange puisque les sans-Dieu seraient là et pas non plus de prêchi-prêcha à la mode déminationnelle car à cette heure et dans ce lieu, il n’y aurait pas de mélange. Ce sont des frères qui accueilleraient le tout venant et nous saurions bien quoi leur dire.

La Sainte Cène et l’adoration serait réservée à des moments plus intimes où seule l’Église serait invitée.

Pour les finance, nos deux amis comptaient « en parler » aux frères mais leur faire un discours sur la question n’était-il pas une technique pour s’appuyer sur leurs bourses afin de pourvoir aux frais du bâtiment ? Que disait-donc Jésus à ce sujet.

« Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus?
Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » Matt 6:31-34

Il fût donc décidé de juste citer ces versets sur la question et de laisser chacun décider ce qu’il voudrait. Nous ferions une totale confiance en Dieu qui est notre Père mais aussi notre Patron.
C’est à Lui à rémunérer Ses ouvriers et pourvoir au besoin du ménage. Nous ne ferions jamais de quette sauf pour les pauvres quand il y aura besoin

Il restait à régler la question des heures d’ouverture du bâtiment et d’organiser les réunions habituelles. C’est là que Jo avoua à Roger l’affiche qu’il venait d’apposer sur la porte de l’Église. Il lui donna à lire copie.

- Ben mon vieux, tu n’y va pas de main morte grommela l’ancien en rougissant un peu ? Personne ne sut jamais si c’était de colère ou de honte.

Le fait est qu’il venait de découvrir une réalité et que les petits plans qu’il avait imaginé pour la gestion de l’Église, qu’il s’était unilatéralement adjugé d’ailleurs, tombaient à l’eau car il savait que Jo avait raison. Il ne fallait pas retomber dans une organisation sèche et stérile. Les chrétiens ne viendraient plus à l’église mais seraient l’Église. Autant qu’ils le comprennent tout de suite.

Pour les horaires, nous organiserons une permanence en partant du principe qu’un disciple qui n’a rien à faire peut venir ici pour accueillir les gens qui frapperont à la porte et leur donner si possible ce dont ils ont besoin.

Envie de parler ? Il y aura quelqu’un
Besoin de manger ? Il y a le garde manger ?
Ne sait pas où dormir ? Nous avons déjà des lits prévus pour cela.
Besoin d’un entretien et de la prière ? Un disciple les recevra.

- Mais ils ne sont pas formé s’apeura Roger tout de suite

Est-ce vraiment utile répliqua Jo plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu. Il poursuivi…

Nos frères ne seront là que pour assurer une permanence. C’est Jésus qui accueille et, si Il a besoin de l’un ou de l’autre plus spécialisé dans un domaine, Il est toujours à temps de nous appeler ou d’envoyer l’âme où nous nous trouvons. Accompagné ou pas.

Roger dut bien reconnaître que le jeune avait raison. Il n’insista pas et se le tient pour dit.

Pour les repas fraternels, il fût prévu d’acheter des tables, un congélateur, du matériel de cuisine et il promit de dresser une liste qu’ils soumettraient à la rencontre de demain. Chacun savait où récupérer tout cela à bon prix.

- Il faudra aussi améliorer le couchage risqua Jo avec une petite voix. J’ai bien une ou deux places chez moi mais je sais qu’il va y avoir des demandes, nous sommes en hiver.
- Oui, j’y ais déjà pensé répondit son ami avec assurance.
Martine a aussi préparé la chambre d’ami sans rien me dire et, quand je lui ais demandé si nous attendions de la visite, elle m’a juste répondu « Oui ». Je n’ai pas insisté.

Bon, dit Roger, je crois que nous avons fais le tour de cette réunion préparatoire et il ne nous reste plus qu’à inviter notre petit monde pour demain ? Je vous laisse le téléphone Jo ; Moi, j’ai à faire à la maison. Le Maire doit venir.

A l’entrée de la ville, un homme, fourbu et crasseux, cheminait à pied en direction des lumières. Il ne savait pas où il dormirait ce soir.

Jésus, Lui, avait déjà préparé son escale pour la nuit. Il le conduisit tout droit à l’Église.

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