Ils s’en passait des choses au sein de l’Église !
Les mécréants avaient été chassés du lieu saint, les bâtiments avaient été retirés des mains qui ne faisaient pas prospérer les talents, des âmes s’étaient converties à Dieu, nous ne manquions de rien, et la communauté s’était installée dans la ville.
Tous les jours, Jésus ajoutait à l’Église ceux qui étaient sauvés et même le Maire de la ville avait demandé pardon.
Pasteur Roger n’avait pas eu beaucoup de mal avec cette âme. Elle était déjà convaincue de péché.
Pourtant, le Maire Georges Lapige se disait athée déclaré ce qui n’était pas vrai puisque il est écrit dans la Bible « que tous ont la pensée de l’éternité ».
Ne connaissant rien aux choses de Dieu, il n’avait pas été influencé par ces histoire de Paradis, d’enfer ou de purgatoire. Pour lui, l’évangélisme n’était qu’une religion comme une autre et seule sa fonction de Maire lui faisait garder un œil vigilant pour prévenir l’installation de sectes sur sa commune.
Personnellement, ne croyant pas en Dieu, ni en diable d’ailleurs, cela ne le préoccupait pas et il se disait comme les autres qu’il serait toujours à temps de voir.
Seulement, le soir de « l’inauguration » de l’Église, il flottait dans l’air un je ne sais quoi qui l’avait pris aux tripes, et il apprendra bien vite qu’il s’agissait en fait du Saint Esprit qui agit d’une façon ou d’une autre quand Il veut parler à l’une ou à l’autre de ses brebis égarées.
Cette conviction de péché lui était tombée dessus sans crier gare et il n’avait pas la moindre idée d’où cela pouvait bien provenir. C’est pourquoi il avait voulu demander des explications à ce pasteur qu’il savait par des « on-dit » sévère mais honnête.
Déjà, il avait été surpris que l’homme de Dieu l’invite comme cela à dîner. Ce n’est pas la procédure habituelle.
Lui, recevait ses administrés dans son grand bureau très impressionnant, il servait à cela, et mettait toujours une barrière entre le visiteur et lui. Surtout si l’autre avait quelque chose à quémander.
Les seuls invités à sa table étaient le notaire, le préfet quand il était de passage, parfois le curé, ou quelques notables du coin. Jamais de convivialité avec plus petit que soi.
Le dîner fut chaleureux et sa peau de Maire, oubliée dans l’instant, resta accroché à la patère de l’entrée. Il n’en eut pas besoin et failli l’oublier en partant.
D’ailleurs, ce couple sympathique lui donnait du « Monsieur Lapige » sans plus de déférence et il se sentait pour une fois un être normal. Il avait oublié qu’avant d’être édile il était un homme comme les autres.
Après de la pluie et du beau temps, on parla bien sûr « religion » mais pas comme il l’aurait imaginé. Ces gens parlaient de Dieu comme si ils le connaissaient.
Georges entra alors dans un univers insondable, quoique palpable et compris sans savoir comment que Dieu existait ce qu’il expliqua plus tard en disant qu’il avait découvert la foi.
Pourtant, Roger y allait avec des pincettes car l’enjeu était d’importance. On ne parle pas de Dieu et du péché à un Maire, surtout celui de la ville où l’on habite, comme quand on prêche en chaire et qu’on dit ce qu’on veut.
Si Georges Lapige avait un moment oublié sa fonction, le responsable de l’Église locale, lui, se disait que si il faisait un faux pas il aurait sur le dos le conseil municipal et la moitié de la ville. Ce sont ceux de la Pastorale qui seraient contents !
Et discrètement, pendant ce temps, Martine priait pour les deux hommes.
Très vite cependant, Roger oublia le Maire et exprima sa passion pour le Christ et pu en quelques mots raconter qui Il était et ce qu’Il était venu faire. Georges écoutait.
Nous n’en étions pas au dessert que Georges Lapige savait tout du péché, de la repentance et de la croix qui régénère pour l’éternité. Le plan du salut avait été annoncé.
Que dois-je faire souffla-il en acceptant un café.
Repentez-vous, et soyez baptisé au nom du père du Fils et du Sait Esprit répondit Roger doucement.
Ensuite, vous commencerez une vie nouvelle et irez dire à vos voisins ce que vous avez appris. Vous serez pécheur d’âmes.
« Rien que ça ! », pensa Georges à qui l’idée ne déplaisait pas. Mais je fais de la politique. Que vont-ils penser de moi ?
- Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.
Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait ou se perdait lui-même ? Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera.
Répondit Jésus de manière à ce que tous l’entendent en rajoutant…
- Faites ceci en mémoire de moi.
Ces trois-là, qui étaient désormais des amis, se regardèrent et Monsieur le Maire devint à cet instant Frère Georges. Il ne lui restait plus qu’à concrétiser la chose en confessant de sa bouche qu’il reconnaissait son péché, le regrettait, en demandant pardon au Père et le priant de l’accepter dans la famille des Enfants de Dieu.
Ce qu’il fit dans le bureau du pasteur car ce qu’il avait à dire ne regardait personne et ce moment est toujours émouvant. Roger et Jésus l’accompagnèrent pendant que Martine ne priait plus mais louait son Seigneur.
Amusé, Saint Pierre à la Porte du Ciel rajouta un nom dans le Livre de Vie de l’agneau.
Je ne vous dis pas la surprise des disciples le dimanche matin suivant.
Il était convenu qu’il y aurait les baptêmes et les candidats à la cérémonie presque tous occupaient les premiers rangs de la salle pour bien montrer leur détermination.
Le public, venu nombreux, était les gens de la ville invités par la rumeur sans qu’on ait eu besoin d’en parler à la radio.
Il y en avait de tous les coins et même des églises voisines dont des adeptes pour l’occasion s’offrirent un peu d’infidélité. Ils allaient être surpris.
Quelques uns, du gratin de la cité, furent vexés que les frères qui accueillaient les visiteurs ne les dirigent pas vers des places de choix et il y en eu même un qui fit presque un scandale. Il voulait être devant.
Appelé à la rescousse et avec une diplomatie qui l’intrigua sur le moment, Jo lui dit que les meilleurs places étaient réservées aux disciples et que, pour être assit à la droite de Dieu, il fallait en être un. L’était-il ?
L’autre reconnu que non et pensa que ce morveux aurait de ses nouvelles. Jo l’installa derrière un pilier sans penser à mal mais parce que c’était une des seule place disponible. Le bâtiment était plein à craquer.
Puis, il monta sur l’estrade, régla le micro aujourd’hui bien utile, et expliqua à la foule que l’événement n’était pas une messe ou un culte mais un témoignage de ceux qui avaient accepté de passer des ténèbres à la Lumière.
Il expliqua pourquoi les futurs baptisés étaient là et prêcha l’évangile. Tout le monde écouta sauf ceux qui n’en voulaient pas.
Vint le moment de la trempette et les regards se tournèrent vers Monsieur le Maire assit au milieu des nouveaux disciples. Sa présence ici en étonnait plus d’un.
Oh ! Ce n’est pas que Georges Lapige fut un mauvais bougre, on l’aimait bien en général, mais tout le monde savaient qu’il était socialiste et quelquefois un peu impertinent vis à vis du curé à qui il se faisait une joie de parler anticléricalisme quand il le rencontrait quelque part. En public de préférence.
Le curé, lui, ravalait ses sentiments, et racontait partout qu’il priait pour que son ennemi abandonne la politique. Il n’y croyait pas mais cela faisait rire ses ouailles. Se trouva-il prophète ?
En fait, Georges n’avait aucune intention d’abandonner la politique mais avait déjà décidé de profiter de sa tribune pour raconter ce qui l’avait sauvé.
Lors de sont témoignage, avant de passer dans le baptistère, il expliqua cette émotion et dit qu’il revenait de loin car, bien que croyant être intègre, il avait floué sans le savoir nombre de ses administrés et avait extorqué leurs voix avec des promesses qu’il n’avait jamais eu l’intention de tenir. Cette confession fit des remous dans la salle.
Il expliqua aussi que la religion, et la non-religion, cachait en fait un désir de remplacer Dieu par quelque chose et nous permettait de ne pas nous présenter devant Lui en personne.
- C’est plus facile d’allumer un cierge que de parler directement à Dieu Non ?
Dit-il de sa voix de stentor devant le peuple incrédule. Le Maire s’était mit à prêcher !
Derrière son pilier, l’édile jura qu’il allait le payer cher et que le parti apprécierait assez peu que son poulain ridiculise sa fonction. Il se croyait au théâtre ou quoi !
Le peuple écouta le discours inhabituel du Maire et la plupart, conciliants, pensèrent que « ça lui passerait ». Cela ne lui passa jamais. :)
Marcel l’ex-diacre était aussi du nombre des nouveau baptisés.
Il ne parla pas de son « ancienne église » mais de la nouvelle. Celle qui est.
Vous savez, connaître Dieu n’est pas « faire semblant de croire » et jamais plus je ne me saoulerais en cachette.
Si je veux boire un coup, maintenant que je sais me tenir, je n’ai plus besoin d’aller jusqu’à l’ivresse et d’ailleurs, je ne sais pas par quel miracle, ma femme est revenue. Elle est ici, dans la salle. Elle vous dira que ma vie a changé.
Un frisson parcouru le temple car tout le monde connaissait le bonhomme et en particulier le docteur qui avait si souvent soigné Madame et tenté en vain d’expédier le diacre en cure de désintoxication.
Il était bien placé pour constater médicalement le miracle mais ne dit mot de crainte de perdre sa clientèle qui conclurait qu’il était entré dans la secte. Il voyait des hommes sourire mais il n’avait pas entendu Dieu.
Le témoin suivant était une jeune fille.
C’était la « Marie couche toi là » du coin dont la rumeur publique disait qu’elle en avait plus d’un à son actif et que ce n’était pas parce qu’elle allait à la messe le dimanche qu’elle éviterait le purgatoire ; Bon Dieu ! Que les gens sont méchants !
Elle avait rencontré le Seigneur un soir où en rentrant du bal en croisant un disciple.
Ce dernier, un peu timide et sachant la réputation de la belle, s’était contenté de lui donner un traité (un prospectus chrétien) et s’était enfui rougissant car la donzelle ne le laissait pas indifférent. Maria en fut vexée.
De retour chez elle, elle jeta un coup d’œil au papier et su qu’il parlait de Marie-Madeleine. Il ne lui en fallu pas plus pour le lire jusqu’au bout.
La nuit, dans ses rêves, elle pleura, et quelques jours après demanda un entretien à Jo qui lui expliqua l’évangile. Le Saint Esprit fit le reste et elle donna son cœur à Jésus.
Ses péchés pardonnés, Maria entra elle aussi dans la nouvelle vie.
Puis, ce fut le tour de Baptiste, nom bien prédestiné ma foi, à plonger dans les eaux de baptême.
Son témoignage racontait qu’il volait l’argent de sa mère et truquait ses fiches de payes pour obtenir des crédits afin de régler des dettes de jeux tous les jours plus importantes.
Il s’était converti dans le bistrot d’en face à l’époque où on comptabilisait les dons qui ont servi à acheter les murs de l’Église.
En fait, il avait proposé son bénévolat espérant au passage grappiller quelque argent mais, au moment où il mit la main dans la caisse, une voix lui parla.
- Qu’est-ce que tu fait jeune homme ?
Se trouvant seul dans la pièce, il crut avoir mal entendu et se dit que sa conscience lui jouait un vilain tour mais il avait besoin de et argent. Il prit quelques billets.
La voix reprit avec justesse.
- Tu me voles mon argent ?
Cette fois, plus aucun doute n’était permis et il s’enfuit en vitesse laissant là son larcin qu’il avait compris appartenir à Dieu. Un Dieu en qui il ne croyait qu’à peine.
Le lendemain, il croisa un collègue, de jeu bien évidemment, qui lui remit une somme et lui avouant…
Samedi, j’ai triché au poker et, comme je viens d’accepter Dieu dans la vie, je ne peux que te rendre ce que je t’aie volé.
Dieu, Dieu, Dieu encore ! José se trouva bouleversé.
Il était certain maintenant que la voix entendue dans l’arrière salle du bistro n’était pas sa conscience mais qu’elle était réelle. Il en fut épouvanté.
Après avoir longuement hésité, il alla voir le patron du café pour lui avouer sa forfaiture tout en se disant qu’il ne risquait pas grand chose puisque il n’avait rien volé. Cette fois-là du moins.
Jules l’écouta sans rien dire et lui dit : Viens !
Il le ramena dans l’arrière boutique et expliqua à son tour le Plan du Salut à une âme. Le jeune ne se fit pas prier et accepta de demander pardon au propriétaire de tout l’argent du monde. Avec sincérité.
Libéré de son poids, il rendit visite à sa mère, lui avoua ses fautes et demanda aussi son pardon.
Puis, il alla voir un bijoutier à qui il avait piqué une montre.
Ce dernier, incrédule, crut à une nouvelle arnaque et faillit appeler la police mais les larmes du garçon touchèrent son cœur. Il pardonna à son tour et appris lui aussi que Dieu était sur la terre.
- Je te baptise, José, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Une nouvelle âme prenait comme nom celui des Enfant de Dieu et les anges chantaient.
Jo et Roger baptisèrent ce jour-là plus de vingt personnes.
Tous étaient des convertis et pas seulement avec les lèvres.
Tous avaient vu leurs vie changées ou avaient changé de vie volontairement après avoir accepté la douce main de Dieu sur leur tête et tous étaient en joie et, sans s’expliquer pourquoi, s’aimaient les uns les autres.
Ils avaient dans le cœur une nouvelle espérance. Celle que Dieu existe et qu’ils iraient au paradis après leur mort physique qui ne leur faisait plus peur comme à certains naguère.
A la fin de cette première rencontre publique, les avis étaient mitigés.
D’un coté il y avait les disciples qui se sentaient en famille, et de l’autre les visiteurs qui avaient été invités pour être témoins de l’engagement des premiers et entendre l’évangile : La Parole de Dieu.
Il ne fallait pas s’attendre à un miracle et les voir tous plier genoux. A l’époque de Jésus, il y en avait beaucoup qui le suivaient mais aussi pas mal d’autres qui refusaient la grâce.
Et pour refuser la grâce, parce que nous voulons demeurer dans le péché, nous trouvons tout un tas de prétextes qui vont du plus simple au plus compliqué.
Le plus simple étant encore de tabasser les prophètes.
C’est qui se passa ce jour-là pendant et après la rencontre publique organisée par nos amis.
Parmi ceux qui avaient entendu les témoignages, il y avait ceux qui avaient été touché, moins superficiellement que ça pour certains, et les autres, qui ne pouvaient se faire à l’idée que tout cela était vrai et étaient dérangés dans leur petite vie de tous les jours.
Cela commença par ceux de la maison, c’est à dire les chrétiens des autres églises ou du moins ceux qui prétendaient l’être.
Il n’y avait pas eu de chants d’adoration, pas de Sainte Cène, pas d’annonces, et heureusement pas d’offrande. Il n’aurait plus manqué que ça !
Bien qu’ils eussent été avertis que ce n’était pas un culte, c’était un dimanche matin et il faut respecter les règles.
De plus, ce pasteur « qui avait volé l’église à sa fédération» n’avait pas dit quelle était son autorité spirituelle ni où il comptait trouver l’argent pour financer ses beaux projets.
Enfin, ses nouveaux baptisés étaient louches, surtout quelques canailles qu’on avait reconnu au passage, et si c’était ça « ses » disciples, il était mal parti et on allait bien rigoler. Mais qu’avait-il promis au Maire pour le faire participer lui qui n’avait jamais mis les pieds dans leurs assemblées !
En plus, ce faux baptême du Maire était d’un ridicule….
Les autres, ce qui n’étaient pas des chrétiens patentés tout en fréquentant pour certains les églises de la place, avaient trouvé le spectacle amusant mais ne comprenaient pas pourquoi ces jeunes se donnaient tant en spectacle. Tous avaient été baptisé à leur naissance et on verrait bien ce que dirait Monsieur la Curé.
Et puis le Maire. Qu’est-ce qu’il venait faire dans cette histoire. Il était payé ou quoi ?
Il y avait aussi le diacre, ce Marcel connu pour être l’ivrogne du village qui avait fait un discours qu’il avait dû apprendre par cœur.
Et Jules, le patron du bistrot !
Non seulement c’est lui qui a récolté les fonds pour acheter cette église mais en plus il joue le cul-béni comme une rosière. Qu’est-ce qu’il mijote celui-là ?
Ce pasteur et son adjoint ne nous disent rien qui vaille. Il faudra les surveiller de très prés.
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