L’assemblée de Joëlle était un peu comme celle que frèquentait le dénommé François, et tout le monde aura remarqué que ce dernier ne ressemblait pas au "Disciple François" dont nous avons déjà parlé dans cette histoire, .
Il est évident que notre soeur n’avait plus rien à faire dans son église d'origine , mais elle menait en ce moment un combat contre elle-même car, outre le fait que le fameux verset biblique « ne quittez pas votre assemblée » était gravé dans son inconscient et presque dans son âme, elle se disait que ladite assemblée avait besoin de son témoignage.
En outre, elle s’était mise à aimer ces frères, ou du moins ces âmes, car, s’il était prouvé que la majorité d’entre eux étaient encore à sauver, les quelques rares avec qui elle ne s’entendaient pas spirituellement auparavant étaient justement de ceux qui croyaient en autre chose concernant la réalité de l'Église de Jésus-Christ fréquentée en principe seulement par des croyants.
Croyants non pécheurs de surcroit.
Paradoxalement, il était plus difficile de se rapprocher de ces frères car ils étaient dans l’assemblée les plus critiqués et, si elle était allée les voir pour leur raconter son bonheur, nul doute qu’ils l’auraient suivi à l’Église de la ville et elle aurait été la cause d’un schisme qu’on ne pouvait que prévoir. Il semblerait que tous les chrétiens rencontrent le même problème.
Elle décida de jeûner comme il était conseillé dans un livre de Jérôme Presquil que lui avait prêté Jo et, si cet exercice était nouveau pour elle, c’est avec joie qu’elle décida non de jouer la spirituelle mais de se rapprocher de son Dieu.
Pendant ce temps, l’Église de la ville grandissait toujours et de nombreux contacts avaient été noués avec certaines assemblées de la région même si les pasteurs étaient en général réticents et s’inquiétaient de la montée en puissance de ce qu’ils croyaient être "une nouvelle église".
Ils en avaient encore parlé à la Pastorale et, malgré les nombreux griefs essayant de salir les deux pasteurs en titre désormais absents de la réunion mensuelle, ils étaient bien obligé de reconnaître qu’il n’y avait pas d’embrouille de leur coté et, sans en dire du bien parce qu’ils préféraient le péché, les gens du coin n’en disaient pas de mal.
Ses tentatives d’assaut contre le Maire de la ville ayant on ne sais pourquoi lamentablement échouées, le Pasteur ADDF s’était bien gardé de parler de la conversion de sa femme, et les autres pasteurs n’osaient mentionner le fait qu’ils avaient déjà perdu quelques brebis.
Il se disait que les Darbystes étaient tombés dans le panneau et que d’autres églises visitées par des disciples songeaient à inviter Roger et ce pasteur Jo chez elles ce qu’il faudrait éviter.
Le baptiste proposa une coalition, heu…une espèce de charte, qui lierait les présents qui s’interdiraient de recevoir ces gens en leur églises respectives et mettraient au ban les serviteurs qui s’y risqueraient.
Justement, on savait que l’Église de la ville attendait une nouvelle visite de Presquil et d’un couple d’enseignants connus pour dénoncer le péché dans l’église. Encore des traîtres et des renégats.
Malgré cela, les frères disciples continuaient leur prospection et, s’ils n’apprenaient en général pas grand chose dans les assemblées qu’ils visitaient, ils laissaient toujours une trace un peu comme Jésus qui parcourait les chemins de Galilée.
De plus, de mystérieuses guérisons se manifestaient et, bien qu’aucun ministère spécialisé ne se soit déclaré dans la ville, il était indéniable que Dieu visitait la province.
La rumeur parlait aussi de démons chassés et de délivrances, mais là non plus, il n’y avait pas de tapage si ce n’est que les témoignages de chrétiens qui avaient connu des gens exécrables qui tout d’un coup avaient été libérés.
Jo et Roger, conscient du fait que les foules aiment à courir les prodiges et les miracles, avaient comme Jésus dans la Bible exhorté les disciples à éviter la moindre publicité, non pas pour se cacher, mais pour éviter le tumulte et de voir accourir les chrétiens qui ne cherchent que la guérison et pas autre chose.
De toutes façons, les deux pasteurs n’avaient pas l’exclusivité des réponses positives à leur prières, et c’était souvent que les disciples, seuls ou en communauté, obtenaient des résultats, et il y en avait tant qu’ils trouvaient inutile de les quantifier.
Qu’importe si c’était César ou Jules qui avaient prié pour un malade ou pour une situation inextricable, tous en étaient capables et ils trouvaient cela naturel.
Un jour, une équipe en train de distribuer des traités sur la place de la mairie avait été témoin de l’accident d’un jeune qui s’était couché en scooter après avoir heurté un lampadaire.
Son casque mal ajusté ne l’avait pas protégé et au contraire, selon le médecin du SAMU, il aurait dû se tordre le cou et ne pas vivre.
Mais les disciples étaient là, ils avaient prié en sa faveur en attendant les secours et, si l’on n’a jamais parlé de miracle, le corps médical resta circonspect car en général, dans ces cas là…
Une autre fois, c’est une vielle dame qui faillit se faire happer par un bus et un disciple se trouvant de l’autre coté de la rue et voyant la scène cria « Jésus sauve-là ».
Ce qui attira le regard d’un piéton qui en un quart de seconde tira la vielle dame sur le trottoir en la prenant par le collet.
Le chauffeur du bus, tétanisé par ce qu’il venait de voir, témoigna plus tard qu’il avait vu un ange mais, comme il n’était pas chrétien, on ne l’écouta pas et sa direction le mit en congé car il avait subit un trouble de stress post-traumatique. Depuis ce jour là, ce conducteur croit en Dieu.
La mémé, elle, ne compris jamais comment son heure n’était pas arrivée et jouit à partir de ce jour là une retraite paisible ce qui n’était pas le cas avant.
Un jeune, avait abusé de drogues et, en expérimentant une nouvelle mixture, était sorti de son corps se retrouvant un soir pratiquement collé au plafond et se voyait allongé sur le lit. Il savait que ce n’était pas du délire comme les autres fois.
Une lumière blanche l’attirait et une voix douce lui dit…
- Tu sais, tu peux venir vers nous maintenant mais tu peux aussi rejoindre la terre et continuer ta vie.
- Je ne suis pas prêt dit le drôle.
En fait, il comprenait ce qu’il lui arrivait, mais il eut peur de l’inconnu et décida de réintégrer sa peau.
Il prit à pleine main l’espèce de cordon ombilical qui le retenait à sa carcasse et tira pour revenir sur son lit.
Les jours suivants, les effluves de la drogue passées, il réfléchit et, alors qu’il aurait pu épater ses copains avec cette histoire, passa l’incident sous silence.
Plus tard, bien plus tard, quand à l’âge de raison il eut l’occasion de parler religion, il racontait qu’il avait vu Dieu ou du moins l’avait entendu lui parler et que depuis cet épisode il croyait à l’au-delà.
Vingt ans plus tard, le garçon a rencontré ce Dieu mystérieux et, après avoir fait une démarche spirituelle, est devenu un des disciples les plus fervents et les plus équilibrés que l’Église ait accueille en son sein.
Mais revenons sur terre et voyons comment l’Église de la ville s’organise maintenant que ce n’est plus seulement l’équipe à Jo qui est concernée, mais une multitude dont des membres d’autres paroisses, ainsi que quelques pasteurs qui prenaient le même chemin.
Il avait été convenu que pour les chrétiens des autres églises, il n’était pas utile qu’ils quittent automatiquement leurs assemblées, non pas parce que « ça ne se fait pas », mais parce qu’ils avaient un témoignage à apporter et, que tant qu’ils pourraient supporter les persécutions qui ne manquaient pas de venir ou s’ils se faisaient pas mettre à la porte, ils pourraient y demeurer.
Comme l’Église de la ville se réunissait le samedi soir pour le culte en privé, cela ne posait pas de problème et les frères se sentaient absolument libres d’aller dans une chapelle ou une autre à leur gré sans jugements d’autant plus qu’on les y encourageait.
Bien sûr, il y avait quelques frictions dans leurs congrégations d’origine mais, comme ils avaient appris à aimer ce qui était devenu en fait tout naturel, ils ne souffraient pas de manque d’identité spirituelle et si on leur demandait leur dénomination d’appartenance, ils disaient l’Église tout court.
Si on insistait, ils disaient qu’ils faisaient partie de l’Église dans leur ville et que, accessoirement, ils fréquentaient telle ou telle communauté mais ne se sentaient pas pas plus pentecôtistes ou baptistes qu’autre chose.
Cela faisait des envieux mais tous restaient intraitables.
Pour s’identifier à l’Église dans la ville, il fallait appartenir à Christ et les pécheurs ne pouvaient pas y entrer si ce n’est le dimanche pour écouter une prédication et rencontrer les frères qui se trouvaient là.
Si un « chrétien » disait je suis chrétien, le disciple répondait…
- Tu as combien de péché dans ta vie ?
Et si pour son malheur éternel le « chrétien » déclaré chrétien reconnaissait au moins un péché volontaire dans sa vie, on lui disait qu’il ne pouvait pas entrer au paradis donc pas dans l’Église non plus.
Bien sûr, beaucoup n’étaient pas d’accord avec ce raisonnement un peu simpliste mais, si ils entraient en conciliabule avec eux-même, ils étaient bien obligés de reconnaître la réalité des faits et, comme c’est vraiment difficile de se jeter des versets bibliques contradictoires à la figure soi-même, ils ne pouvaient s’échapper.
Ils n’avaient que deux solutions.
a) Renoncer au péché et se mettre en règle avec Dieu
b) Rester comme ils étaient et faire une croix sur le Paradis.
Pas de Paradis sans croix, et ceux d’entre les « chrétiens » qui ne croient ni à l’un ni à l’autre, ils sont morts et c’est bien fait pour eux parce qu’ils ont au moins une fois entendu l’évangile..
Mais revenons-en à nos moutons, les brebis du Seigneur membres de l’Église de Jésus-Christ dans la ville.
Était venu le moment de rassembler dans l’Eglise les frères des diverses dénominations qui avaient cru.
Roger et Jo organisèrent une agape.
Jack Paloque-Berges
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