Pour une surprise, ce fut une grande surprise.

Seulement une semaine après avoir programmé la rencontre des disciples de la région et lancé ses invitations, le Pasteur Jo reçu les premières réponses.

Déjà, chez les premiers disciples convertis et formés au sein des églises au sein des assemblées où il avait officié par le passé, il ne le savait pas mais son travail n'avait pas été vain.

Ces gens avaient porté du fruit car ils n'étaient pas des « chrétiens d'églises » mais de véritables serviteurs chacun dans sa spécialité et, si tous n'étaient pas des « leaders » capables d'initier des groupes, tous prêchaient l'évangile du salut et annonçaient la Parole de Dieu dans son intégralité.

Refusant de « collaborer » avec les « églises  mondaines » qui n'étaient que des clubs de religieux ou des regroupements de gens en manque de reconnaissance sociale, ses premiers disciples avaient néanmoins rejoint les rangs de structures plus modestes ou se rencontraient informellement au sein de ce que nous appelons maladroitement des « églises de maison ».

Certains étaient isolés mais la flamme qui brûlait en eux se voulait porteuse de promesses. Le temps viendrait où l’Église pure et sans taches se reconnaîtrait au travers de ses membres.

Les disciples que Jo avait enfantés et formés à l'époque se comptaient sur les doigts des deux mains mais ces derniers avaient travaillé après le départ de Jo. Ils étaient maintenant des dizaines.

Comme ils avaient bien compris l'enjeu de cette rencontre, les correspondants, connus ou inconnus de Jo tenaient tous le même discours.

Ils témoignaient avoir fait une rencontre personnelle avec Dieu, refusaient les compromis dans les églises et étaient conscient que Jésus ne nous a pas demandé de faire des nations des "chrétiens" mais de faire disciples et de leur enseigner la foi.

Ils refusaient les dénominations et tous « pouvoirs religieux », surtout si les agissements des chefs religieux allaient à l'encontre de la pensée de Dieu, et ne « reconnaissaient » comme frère ou sœur qu'une personne dont le Saint Esprit attestait l'identité en Christ.

Ils voulaient participer à cette rencontre parce que, se trouvant parfois isolés, ils avaient un désir ardent de rencontrer d'autres frères. Pentecôtistes ou pas.

« Voici, oh! qu'il est agréable, qu'il est doux Pour des frères de demeurer ensemble !

C'est comme l'huile précieuse qui, répandue sur la tête, Descend sur la barbe, sur la barbe d'Aaron, Qui descend sur le bord de ses vêtements.

C'est comme la rosée de l'Hermon, Qui descend sur les montagnes de Sion; Car c'est là que l'Éternel envoie la bénédiction, La vie, pour l'éternité. »
Psaume 133 : 1-3

En recevant ces courriers, le pasteur Jo pleura de bonheur et la présence du Saint Esprit se manifesta puissamment.

Jo et ses frères marchaient vraiment sur la bonne route.

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Il y avait aussi les contacts de quelques frères des églises de la région qui avaient été visités par les disciples de l’Église de la ville.

Des Darbystes, des Batistes, des ADDF, des églises libres, quelques catholiques et autres dénominations, et notre ami fut tenté de jeter directement ces lettres au panier.

Jésus arrêta son geste et lui donna la conviction qu'il fallait garder ces missives et répondre à chacune d'elle.

Il y en avait deux sortes.

Celles 
incontestablement écrites  par des hommes et des femmes qui avaient été touchés par le témoignage de l'équipe et voulaient entrer dans la dimension vécue par l’Église de la ville, et les autres.

Les autres émanaient de gens qui avaient "entendu parler de l'expérience" et de cette rencontre par untel ou untel et se posaient des questions sur cette opportunité de parler avec les disciples de l’Église.

- Ils veulent parler de l’Église se dit Jo. Nous, nous la vivons.

Il décida néanmoins de répondre personnellement à chaque demande et, n’ayant pas le temps de tout faire, après avoir écrit un mémoire expliquant qui ils étaient et ce qu'ils faisaient, confia la gestion de ces retours particuliers à Josiane qui était habile dans la correspondance.
Elle saurait bien discerner lesquels de ces amis seraient effectivement invités à participer à la l'agape.

Le pasteur Jo entreprit aussi la rédaction de l'historique de l’Église dans la ville à destination des invités.

Elle existait maintenant aux yeux des hommes et, ce premier ouvrage relatant son édification et son essor étant destiné exclusivement aux disciples, il lui fallait travailler à les aider à grandir. Le pasteur se fit écrivain.

En attendant, les demandes de participation à la rencontre affluaient et nous en étions déjà à cinq cent trente deux demandes ce qui fit dire au pasteur Roger que son ami avait eu le nez creux de prévoir une salle plus grande.

Jamais les frères n'auraient imaginé une telle affluence et, même s'ils savaient que toutes les candidatures ne seraient pas retenues, un nouveau problème se posait qui était celui de l'intendance.

Comment allons-nous loger tous ces gens là ? Il n'y avait pas de réponse.

Pour l’intendance justement, le trésorier lança une alerte car, outre les frais de location de la salle des fêtes, de nourriture et autres besoins, la caisse de l’Église ne pourrait en aucun cas supporter la dépense d'autant plus qu'il fallait prévoir aussi l'édition de plus de 500 fascicules de bienvenue et du livre racontant l'histoire de l’Église de la ville offert aux invités. Un casse-tête qui dépassait le responsable des cordons de la bourse.

- Peut-être pourrions-nous demander une participation aux visiteurs, risqua le frère lors d'une réunion préparatoire de la rencontre.
- Ce serait renier notre décision de ne jamais faire d'appel d'argent, répondit Jo pour une fois sévère, cherchons une autres solution.
- Combien avons-nous en caisse ? demanda Roger un peu inquiet.
- Juste de quoi couvrir la location de la salle et imprimer des livres de chants répliqua le trésorier.
- Cela ne suffira pas. Ils arrivent en masse et nous ne pouvons nous permettre aucune dette râla Roger soudainement apeuré.  Où est-ce que tu nous entraîne 
Jo ?
- Je ne sais pas, répondit ce dernier. Je propose que nous jeûnions tous demain et après demain pour recevoir la réponse. Je sais que c’est la volonté de notre Seigneur d'agir ainsi et rappelez-vous comment il a multiplié les pains et les poissons. Ne ferons-nous pas de même ?

Un vent de stupéfaction et de doute souffla sur l’assemblée des frères réunis car, même s'ils étaient désormais habitués aux miracles, jamais ils ne les avaient prémédités comme cela si ce n’est pour l'achat du local mais là, cela avait été dirigé sans qu'ils ne décident rien d'eux-même.

- Jésus n'a-il pas dit qu'en Son nom nous chasserions des démons et ferions des miracles ? Repris Jo avec hardiesse.
Souvent, nous lui demandons de faire ceci ou cela à notre place et le glorifions quand ces choses arrivent mais nous ne réalisons pas qu'il nous a donné tout pouvoir sur l'invisible pour autant que cela soit dans la volonté de notre Père.


Combien de fois n'avons nous pas espéré et demandé des petites choses et n'est-ce pas aujourd'hui le moment de mettre notre foi en action pour en obtenir des grandes ?
Nous laisserons-nous limiter dans le travail pour Dieu alors qu'il nous a donné une vigne plus grande à travailler ?
Laisserons-nous le diable nous voler les bénédictions que le père nous a déjà données ?


Non mes frères, ce qu'il nous arrive aujourd’hui est un poteau indicateur de Dieu qui nous montre une direction que nous n'attendions pas, et nous devons suivre ce chemin quoi qu'il nous en coûte. Même notre timidité.

Devant tous et au nom de tous, Jo entra en prière.

- Seigneur Jésus, la tâche est au-dessus de nos forces. Nous ne savons comment faire. Viens au secours de notre incapacité.

La nuée descendit sur le groupe des Enfants réunis et, par la bouche d'un frère qui ne se savait pas prophète Dieu leur dit...

- Mes Enfants.
Vous avez été fidèles et vous venez de reconnaître votre manque de foi pour accomplir le dépôt que je vous ai confié.
Vous voulez obéir à ma pensée et je suis toujours là pour m'occuper de votre faiblesse. Ne craignez point.
Cette rencontre de mes disciples habitant dans votre région, je l'ai voulue et je ne renierai pas ma Parole.
Va sans crainte petit troupeau, car j'ai trouvé bon de vous donner le Royaume et je sais que vous ne possédez rien sur la terre.
L'or et l'argent m'appartiennent et je vous commande d'aller de l'avant et de faire mon œuvre sans vous préoccuper d'avec quoi vous payerez l'imprimeur et les frais pour recevoir mes amis et vos frères.


Allez dans la paix et que la Lumière soit.

Un long silence accueillit cette parole de connaissance et personne ne douta que Dieu avait parlé.
Certes, si le Seigneur avait confirmé Lui-même la direction, il n'avait pas précisé les moyens mais avait honoré le peu de foi qu'ils avaient les encourageant à la parfaire.

Tous, d'un commun accord, décidèrent d'écouter la voix de Dieu plutôt que leurs craintes et se séparèrent ce soir là heureux d'être ce qu'ils étaient et le cœur plein d'espoir.

ichtus

Pour l'imprimeur, ce n'est pas un homme de l'art que Dieu leur envoya mais une machine.

Jérôme Presquil, sollicité pour des conseils d'édition car il en était spécialiste, parla à son propre imprimeur qui lui proposa un matériel de réforme dont il n'avait plus l'utilité.

Disciple lui-même et bien que ne la connaissant pas, , il avait vite compris le besoin de l’Église de la ville car, en bon professionnel, il savait qu'un éditeur ne s'intéresse pas à la fabrication de seulement 500 fascicules et que ce travail devrait être fait en numérique.

Il y avait la solution Internet où l'on trouve des industries qui réalisent un tel travail à la demande mais il sut, allez savoir comment, que ces amis auraient dans l'avenir besoin de matériel de ce type et qu'il leur serait impossible de le financer car tout cela a un coût.

Il venait de changer son propre matériel et disposait d'une photocopieuse numérique et simple d'utilisation qui ferait leur affaire. Il l'offrit à l'équipe à Jo sans demander de contrepartie car il était financièrement à l'aise.

- Ils n'auront plus qu'à payer le papier et l'encre, dit-il malicieusement à Jérôme. Peux-tu leur porter la machine ?
- Pas de problème répondit ce dernier enchanté. Dieu te le rendra mon frère.

Pour le lieu des repas, nourrir 500 personnes dépassait les capacités de l’Église et la solution vint bêtement d'un disciple dont un cousin était propriétaire d'une usine désaffectée qu'il n'arrivait pas à vendre. Trop grand, disaient les éventuels acheteurs.

C'était juste une question d'assurance pour couvrir les trois jours et Josiane la comptable eut tôt fait de trouver une de ses relations au travers du cabinet d'expertise où elle travaillait qui se chargea encore de la rédaction du contrat.

Il ne restait plus qu'un bon coup de balai à donner pour rendre le lieu accueillant, les frères furent enchantés de le faire, et de trouver les tables et les chaises ? Ce fut le moins facile.

C’est un employé municipal non converti qui dénoua le délicat problème en proposant à un frère de venir voir en douce dans les ateliers municipaux un hangard où s' entassait depuis toujours le matériel que, modernité oblige, on n'utilisait plus.

Tables, chaises, armoires, poêles réformés, des tonnes de papier, bref, de quoi encombrer une ville et personne ne se souvenait seulement que cela existait .

Demander à la Mairie de le prêter était chose impossible mais c'était sans compter sur un coup de pousse divin qui décida le responsable en chef de se séparer du trésor parce qu'il avait besoin de l'espace pour entasser d'autres choses que l'on voulait garder.

L'association Emmaüs fut sollicitée et il se trouve que son directeur était un sympathisant de notre fine équipe, ce qui arrangea les choses, et, si le reste dudit trésor fut déménagé dans la semaine dans ses locaux, les chaises et les tables prirent directement le chemin de l'usine.

Le directeur d'Emmaüs, Philippe Paris, rajouta quelques cuisinières et réfrigérateurs qu'il paya de sa poche, deux immenses congélateurs, des assiettes et couverts en nombre, et il ne manqua plus grand chose pour assurer la restauration des disciples en visite.

Un des bâtiments de l'usine fût aménagé en dortoir, les douches remises en service, et les électriciens de l’Église de la ville s'occupèrent de la partie technique pour mettre tout ça en ordre. Il ne restait plus que les frais de bouche et de gosier à gérer mais la cagnotte de l’Église pouvait désormais assurer.

Quinze jours avant la pentecôte, ce furent quatre vingt trois disciples dans la ville et ses environs immédiats qui reçurent leur badge de participation à la rencontre, et trois cent vingt huit personnes extérieures trouvèrent dans leur boite à lettre le précieux sésame qui les invitait à rejoindre l'équipe à Jo pour cette rencontre privée. La ville était prête à les recevoir.

Bien sûr, il y eut quelques grincheux vexés de n'être pas invité et, si l'équipe à Jo ne leur dit pas qu'ils n'étaient pas des chrétiens, ils leur répondirent que cette rencontre était réservée aux disciples.

Dans leur jargon, ces « chrétiens » prétendaient qu'ils étaient des disciples mais réfléchissaient vite aux conséquences de l'être quand ils parlaient avec un vrai serviteur de Dieu et n’insistaient jamais. Ils savaient très bien que ce n'était pas vrai; ils n'étaient pas des disciples.

Et c’est comme cela que, dans les « églises instituées » de la région, on ne trouva rien à redire au sujet de cette manifestation programmée et quand on en parlait, on disait que « la secte » s'agrandissait » et qu'il fallait se méfier, ou plus timidement qu'il s'agissait d'une convention des églises d'une nouvelle dénomination qui ne souhaitaient pas partager avec le reste la chrétienté du monde.

La chrétienté « du monde ».

Sans le savoir, ils avaient bien raison.


ichtus

Les deux jours de jeûne et de prière décrétés par l’Église dans la ville avaient une fois de plus confirmés la volonté de Dieu et, surtout grâce aux nouveau événements qui avaient financièrement rendu possible leur rencontre, les disciples étaient sereins et parfaitement dans la paix.
L'emménagement de l'usine les avait fort occupé et ils se sentaient là-bas chez eux. Comme une deuxième demeure.

Certains se demandaient même si, comme ils commençaient à devenir à l'étroit dans leur locaux, il n'y avait pas comme un clin d’œil de Dieu pour les inciter à élargir l'espace de leur tente. Ils ne croyaient pas si bien dire.

Le propriétaire de l'usine cousin du disciple, Léon Letissier, y pensait aussi bien qu'il ne fasse pas partie de la bande.

Il avait vu son parent changer et, de drogué qu'il était et voyou à ses heures, était devenu sage comme un image sans pour autant avoir l'air d'un cul-béni comme on en rencontre dans les églises.

La religion, il connaissait car il avait été enfant de cœur dans son enfance et plus tard avait fait partie des « Jeunesses catholiques », mouvement dirigé par le curé qui faisait concurrence aux scouts.

Il en avait gardé une foi platonique dont il se servait trois fois par an quand il allait à la messe où, quand ça n'allait pas, il avait besoin de prier.

Il ne croyait plus en Dieu depuis belle lurette mais sa femme, une grenouille de bénitier de la pire espèce, donnait le denier du culte pour deux et cela suffisait pour sauver l'apparence. Monsieur Léon Letissier était respecté dans la communauté.

Un revers de fortune lui avait fait mettre en faillite son usine et perdre une grande partie de son argent, mais, son épouse étant d'une grande famille, on arrivait à vivre et tout allait bien comme cela.

Vivant de sa retraite, il n'avait pas besoin d'aller travailler et, la politique n'ayant pas voulu de lui, il coulait des jours paisibles entre la pèche et les mots croisés en plus de quelques sorties discrètes le mercredi à la ville voisine où il entretenait disait-on des relations coquines.

Tout allait bien et Léon était heureux comme cela, si ce n'était une épine qu'il avait du mal à se sortir du pied. Les murs de son usine devenaient trop pesants.

Il tenait son industrie de son arrière grand-père, tanneur de peaux connu dans toute l’Europe et au-delà, affaire qui avait été transmise de père en fils sans autre formalités car c'était le destin.

Léon Letissier n'avait jamais été passionné par la fabrication de peaux, lainées ou non, et aurait voulu être capitaine de bateau. Il en fut autrement.

C’est donc sans regrets que quand la concurrence d'Amérique du sud et la crise eurent fait leurs ravages, qu'il trouva le prétexte pour s'échapper et, après avoir licencié le personnel et réglé ses dettes, ferma définitivement son usine et cessa complètement son activité.

Il n'avait ni cherché ni trouvé de repreneur et les murs furent laissés à l'abandon puisque personne n'en voulait car il aurait été trop onéreux de réaménager l'espace et les investisseurs étaient en ce temps-là plutôt frileux.

En fait l'ensemble des bâtiments était trop vaste pour un petit projet et trop étroit pour un grand.
La Mairie avait voulu un temps récupérer l'usine pour ériger un centre culturel mais l’opposition voulait tout raser et vendre le terrain au meilleur prix . Ils ne purent jamais s'entendre et Léon resta avec son usine sur les bras.

Déjà qu'il n'était pas particulièrement attaché cette affaire, notre entrepreneur déchu avait du mal à supporter le coût d'un espace qui ne lui servait plus à rien et qu'il ne pouvait même pas louer parce qu'il aurait fallu y faire des travaux et le mettre aux normes.

Aussi, quand son cousin lui demanda de prêter un des bâtiments pour accueillir des gens qui en avaient besoin pour faire ripaille pendant un week-end, l'idée l'amusa et il donna son accord de princupe à condition tout de même que ces gens s'assurent car il ne voulait pas de pépin.

C’est comme cela qu'il fit connaissance avec l’Église de la Ville et la rencontre avec les deux pasteurs se trouva courtoise et désintéressée. Un service au cousin.

Puis, il vit ces gens à l’œuvre et la célérité avec laquelle ils emménagèrent l'espace, et fut invité à déjeuner par eux sur ce qu'ils appelaient « le chantier ». Il écouta leur histoire.

Il avait bien sûr entendu parler de l’Église dans la ville mais, comme sa femme était catholique, il n'y a avait pas vraiment prêté attention et ce n’est que maintenant qu'il réalisait que c'était sérieux. Il trouva ces gens bien sympathiques.

Tous les jours il les rencontrait et s'était lié d'amitié avec un certain Gérard D'Orville, né de bonne famille, qui faisait office de chef de chantier et avec qui il aimait bien discuter.

Il était un lettré, parlait bien, jouait aux échecs, était modeste et discret, et surtout n’essayait pas de l’assommer avec des bondieuseries comme certains de ces protestants du coin qu'il avait déjà rencontrés.

Quand Gérard lui parla de Dieu il écouta, d'abord par réflexe, puis intéressé car l'autre lui parlait « du Seigneur » comme s'il le connaissait vraiment.

Il comparait toujours avec ses souvenirs du catéchisme mais n'y retrouvait pas grand chose à part ces merveilleuses histoires de l’évangile qui lui avaient donné le goût du voyage.

Damas, Jérusalem, la Galilée, Rome, la Palestine, le bout du monde où il n'avait jamais pu aller.

Mais il y avait aussi ce Jésus descendu de sa croix comme s'il n'y était jamais monté, le tombeau vide, les compagnons d'Emmaüs, Judas le traître, Thomas l'incrédule et Simon le pécheur aux deux sens du terme.

Le soir, quand il rentrait chez lui, il n’entendait plus les jérémiades de sa femme et ses histoires de clocher, mais en rêve, il voyageait en Palestine et sur les rives de la mer morte. Il se voyait découvrant des manuscrits dans des grottes et conversant avec des juifs au pied du mur de Jérusalem.

Et si c'était vrai ce qu'ils ont dit Matthieu, Luc et les autres ?
Et si c'était vrai cette histoire d'un fils de Dieu ressuscité ?
Et pour Adam et Ève, était-ce vraiment une pomme ?

Léon commençait à croire au mystère mais alla voir son curé.

Ce dernier, l'écouta et lui confirma que pour Adam et Ève il ne s'agissait en effet pas d'une pomme mais de l'arbre du bien et du mal.

Les hommes avaient été chassés du jardin d’Éden par Dieu qui ne pouvait admettre le péché et que, malgré les soins qu'Il lui avait prodigué, la race humaine avait choisi la malédiction qui ne pouvait être brisée que par un sacrifice rachetant la création de l'enfer où elle s’était fourvoyée.

Et Dieu aimait tellement le monde qu'Il avait donné pour le sauver son fils unique Jésus-Christ, qui par sa mort sur la croix avait vaincu les œuvres du Malin.
Tous ceux qui croiraient en l’Église Catholique seraient baptisés d'un coup de goupillon juste après leur naissance et seraient sauvés pour l'éternité après un temps au purgatoire s'ils avaient péché.

- Ne te souviens-tu pas de ce que tu as appris au catéchisme ? Questionna le curé bienveillant.
- Ma foi non, pas vraiment, répondit Léon pénitent, mais je retrouve ces histoires dans le discours des gens de l’Église de la ville.

Mal à l'aise, le prêtre ne voulait pas dire du mal ce ceux qu'il considérait plutôt comme ses ennemis mais n'en pensait pas moins.
Il avait devant lui un homme interpellé par la grâce de Dieu et il ne faudrait pas trop le pousser pour qu'il revienne comme sa femme tous les jours à la messe.

- Vierge Marie, merci de ramener cette âme dans ma bergerie pria-t-il en silence.

Mais la Vierge Marie n’avait rien à voir avec cette histoire ou ne pu sans doute rien faire car le dimanche suivant, Léon Letissier n'était pas dans la cathédrale mais à une de ces réunions d'évangélisation coutumière de l’Église de la ville.

Il entendit une prédication puissante qui ne lui laissait pas le choix sur la réalité de son état de pécheur et, au moment de l'appel, s'avança avec quelques autres pour demander le pardon du péché et désirer la réconciliation avec Dieu.

Jésus appuya sur le bouton « Marche » de la photocopieuse pour imprimer une nouvelle invitation à la rencontre des disciples qui aurait lieu le samedi suivant.

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