L'usine, ou du moins deux de ses bâtiments désaffectés, avaient été aménagés pour l'occasion. Le premier en salon de réception/salle à manger et l'autre en hébergement pour les célibataires qui n'avaient pas trouvé à se loger chez les disciples ce qui leur convenait très bien.

Ils avaient apporté leur sac de couchage et Emmaüs avait prêté une cinquantaine de lits de camp pour l'occasion.

Les jeunes étaient ravis et s'approprièrent le lieu comme s'ils étaient en colonie de vacance et les enfants qui devaient rester avec leurs parents en furent jaloux tout de suite. Ils décidèrent de bien vite grandir.

Mais pour l'heure, il était temps de se restaurer et les disciples avaient choisi la simplicité.

Quelques bouquets de fleurs sur les tables, un menu pas très compliqué et des assiettes en carton pour soulager la logistique et éviter d'avoir une trop grande vaisselle à essuyer.

Presque quatre cents personnes à table leur avaient fait un peu peur au départ, mais c'était sans compter la maestria de ces dames et l'autorité du chef du restaurant du Grand Hôtel de la ville qui venait tout juste de se convertir et qui prit en main l'organisation de l'agape. Tout le monde était à ses ordres.

Il avait composé un menu simple mais consistant et s'était emporté quand le comité d'organisation avait refusé le vin à table ce qui était impensable dans la gastronomie.


- Écoute, lui dit Marie-Claire qui avait voyagé, il va y avoir parmi nous des frères qui, pour des raisons de doctrine, ne boivent pas d'alcool et il serait juste de ne pas être pour eux une occasion de chute.
Pour ce premier repas, nous pourrions faire l'effort d'éviter le vin à table et tu vas bien trouver le moyen de remplacer cette boisson par un autre nectar non ?

- Et pourquoi pas du cidre, explosa le cuisinier en chef, si vous voulez, je vous fais des crêpes !
- Sans aller jusque-là, plutôt qu'adapter la boisson à ton menu, tu pourrais faire le contraire et adapter le menu à la boisson.

Flatté du fait que sa créativité soit reconnue par un profane, le chef n'en dormit pas de la nuit mais concocta un menu aux petits oignons à base de "gigot d’agneau rôti au cidre d’automne et ses saveurs iodées" arrosé d'un "jus de pomme de Normandie jeune et non alcoolisé".

Le fromage ne lui posa pas de problème, et en dessert, il proposa "son velouté de Potimarron, toujours au cidre d’automne", agrémenté d'une mousse de châtaignes dont il avait le secret.

Son copain boulanger lui fabriqua des petits pains de seigle dont la forme discrètement évoquait la croix et, touche personnelle mais visant au parfait, il exigea que devant chaque convive soit disposé un menu imprimé sur du papier vélin. Il en avait un stock dans son restaurant.

La photocopieuse numérique fit le reste et l'équipe de disciples servant aux tables bénit le Seigneur de leur avoir envoyé ce chef tant exigeant mais si efficace.

C’est d'ailleurs ce que firent aussi les invités en découvrant la mise en place du lieu de leur agape.

Très touché par l'effort des frères qui savaient si bien accueillir avec les moyens du bord, ils répondirent un « Amen » ému au bénédicité formulé par l'un d'entre eux choisi au hasard et le menu sur papier vélin fit son petit effet. On ne parla pratiquement que de ça pendant le repas.

Le propriétaire des lieux, au milieu de tout ce monde, n'en croyait pas ses yeux et voyait son usine revivre et eut sa première vision. Il avait trouvé une réaffectation pour les murs de son usine mais se garda bien d'en parler. C'était un secret entre ce Seigneur qui venait de rentrer dans sa vie et lui.

Le repas léger bien que consistant flatta toutes les papilles et encouragea les convives à discuter en paix, et l’ambiance bon enfant était telle que les Darbystes en oublièrent de parler versions bibliques. Les jeunes se jetaient des coups d’Œil, les disciples de la ville veillaient à ce que nous ne manquions de rien, et Jules le cafetier se prenait à rêver à une prochaine « convention » mot qu'il avait appris en partageant avec un ancien Baptiste.

Ils prirent le café à l'ombre des arbres du parc où avaient été disposées quelques tables, et les conversations allaient bon train pendant que les jeunes avec célérité donnaient la main pour débarrasser les tables et remettre la salle en ordre.

Des relations se nouèrent et Pierre, qui avait tout de suite repéré la jolie jeune fille dont il avait croisé le regard dans la maison de l'Assemblée de frères, apprit qu'elle se nommait Anna et sut tout de suite qu'il ne lui était pas non plus indifférent.

Il n'osa pas l'aborder mais un groupe de jeunes comme par magie s'assembla, et ils se retrouvèrent vite autour d'une guitare qu'un des convives avait apportée.

Jo et Roger se regardèrent amusés.

- Moi qui ne voulais pas que des clans commencent à se former, dit Jo avec un sourire, je crois que nous allons être servis.
- La nature, mon cher, la nature, répondit le Pasteur Roger expérimenté sur les jeunes, il faut les laisser faire.

Les enfants s’étaient aussi organisé un terrain de jeu et il fallut interdire l'exploration du reste de l'usine qui à leurs yeux était paradisiaque.

Un chef scout les pris en charge et, guidé par le propriétaire conscient de ses responsabilités, ils mirent vite en place une délimitation concrétisée par une rangée de chaises qui faisaient office de barrière.

- Nous n'avions pas pensé à cela soupira Jo rassuré, il ne faudrait pas qu'un accident vienne gâcher notre fête.
- Cela va aller, répondit dans son dos une maman de l’Église, nous les surveillons comme du lait sur le feu et pas un ne s’échappera. Vous pouvez y compter.

A part ça, les gens se rencontraient et regrettèrent presque le moment où il fallut rejoindre la salle des fêtes pour continuer les débats, et c’est par petits groupes que les disciples de la région rejoignirent Jérôme Presquil qui les attendait de pied ferme.

Ce dernier n'avait aucune idée du comment il allait introduire la deuxième session et de ce qu'il allait leur dire car il n'avait rien préparé. Il avait passé son temps à prier car écrire des livres et diriger une rencontre étaient des choses bien différentes et, s'il se réjouissait qu'on lui fasse confiance, il n'en appréhendait pas moins le déroulement de ses interventions.

- Je suis Jérôme Presquil, dit-il gauchement à son auditoire, et, si je sais écrire, je ne sais pas parler, et je vous demande de m'aider à le faire en me posant les questions que vous voulez,  mais nous allons commencer par accueillir les frères qui n'ont pas eu ce matin l'occasion de se manifester.
Jules, tu as dit que tu voulais dire quelque chose. A toi le micro.

-  Oui, répondit-Jules en grimpant sur l'estrade.

Je voudrais témoigner par rapport à mon commerce qui, pour ceux qui ne me connaissent pas est un bar au centre ville et, je n'en suis pas qu'un peu fier, c’est chez moi qu'a commencé l’Église dans la ville.

En fait, je n'y suis pour rien mais c’est parce qu'un des pasteurs est venu un dimanche boire un café avant le culte et surtout parce qu'il venait de prendre la décision d'envoyer promener la religiosité qui régnait à l'époque dans l'église d'en face où il officiait.

Je ne sais pas ce qu'il  lui a pris, toujours est-il qu'il a commencé à nous prêcher l'évangile et ce n'était pas la première fois, mais cette fois-là, il était enragé et nous a donné l'impression que ce qu'il avait du mal à dire dans sa boutique, il venait le crier dans la mienne.

C'était tellement imprévu que mes clients et moi l’avons écouté et finalement suivi dans cette église où nous ne mettions jamais les pieds.

Là, Jo a dit à ses ouailles leurs quatre vérités et tout le monde est parti. Il ne restait plus que mes clients et moi, ou presque, et c’est comme cela que nous avons été confrontés à l'évangile.
Le reste, vous le lirez dans le petit bouquin que vous avez reçu à votre arrivée mais, ce que je voulais vous dire, c’est qu'il ne faut pas hésiter à parler de votre foi en dehors des murs de votre paroisse car c’est là que vous trouverez les ivrognes et gens de mauvaise vie qui ont besoin de Salut.
Voilà, c’est tout ce que j'avais à vous dire.

Et Jules descendit de l'estrade comme il y était monté sous un tonnerre d'applaudissements qui réveillèrent illico ceux qui étaient habitués à faire la sieste et avaient cru opportun de s'accorder quelques minutes avant l'intervention de l'auteur Presquil.

Un monsieur un peu timide prit sa place et raconta que dans son coin il n'y avait pas d'église, à part la catholique bien sûr, et qu'il ne savait comment faire pour rencontrer des frères d'autant plus qu'il travaillait le dimanche.
Ses prières n'avaient pas été entendues, c’est du moins ce qu'il pensait, et il voudrait bien nouer quelques relations avec les chrétiens de la région mais seulement des disciples.


Le suivant l'assura qu'il avait compris que cette rencontre servait à cela et que tout allait changer pour lui comme beaucoup d'autres et signala qu'il était mécanicien et que si des frères avaient des problèmes concernant l'automobile, il serait heureux de les dépanner. Sans jeu de mot évidement.

Ensuite, se succédèrent sur l'estrade une bonne dizaine de chrétiens, déjà disciples ou en devenir, qui racontèrent leur solitude spirituelle pour ne pas dire leur solitude tout court car il est parfois difficile de partager avec des non convertis ou des chrétiens d'habitudes qui en plus ne savent parler que le patois de Canaan.

Jérôme Presquil s'appuya sur cette réflexion pour entamer son premier discours et, pendant l'heure qui lui était impartie, expliqua comment dans ses livres il traitait cette question délicate.

- Oui, ce frère a raison et il n’est pas toujours facile pour un chrétien engagé de vivre dans le monde mais pas comme le monde.

Je devrais plutôt dire « pas comme tout le monde » car, au fur et à mesure de notre croissance, il est pour nous tous les jours de plus en plus évident que nous n'avons plus rien à voir avec les œuvres des ténèbres jusque dans les plus petits détails.

Je ne sais pas si Jules dans son bar s'est mis à la limonade mais ce qui est certain, c’est qu'il ne peut plus comme avant vendre sa bière à des boit sans soif surtout quand ils sortent de chez lui au bord du coma éthylique.

Je sais pour l'avoir rencontré lors d'une précédente visite qu'il a longtemps hésité à changer son fonds de commerce, mais il a décidé de le laisser en l'état tout en le gérant d'une autre façon.

Il a affiché sur sa porte une pancarte disant...

«  Chers clients,

Merci de ne pas considérer ma décision de ne plus vous servir quand je jugerai le moment où vous avez assez bu comme « un refus de vente » mais comme « une volonté d'assistance à personne en danger ».

Je ne suis pas le protecteur de votre foie ni le garant de votre santé, mais j'ai lu dans ma Bible…

« 
J'aurai la paix, quand même je suivrai les penchants de mon cœur, et que j'ajouterai l'ivresse à la soif. » La Bible Deutéronome 29:19

Si vous buvez plus que de raison, vous n'aurez pas la paix et moi nom plus. Alors, je limite.

Jules

Un grand éclat de rire collectif accueilli dans la salle la lecture de l'affichette du cabaretier et, quand il se fut un peu calmé, Jérôme Presquil poursuivi...

- Bien sûr, Jules a un peu détourné un verset biblique pour l’occasion mais il y est gagnant sur deux tableaux.

Premièrement, il a annoncé publiquement la parole de Dieu et a incité les passants à en savoir plus sur la Bible, mais surtout, il n'y a plus d’ivresse dans son commerce et il n'a perdu aucun de ses clients même si les soiffards impénitents vont se saouler ailleurs.

Son bistrot étant maintenant l’Église à part entière, il est tout à fait libre d'y prêcher et y tient même des réunions de disciples que ce soit d'évangélisation ou d'enseignement et d'édification.

Jules vit dans le monde mais pas comme le monde.

Il n'a rien transformé dans sa vie professionnelle si ce n’est qu'il la gère différemment en l'épurant au fur et à mesure qu'il aperçoit des scories qui peuvent y avoir demeuré, et quand il réalise la présence des scories dans le comportement de ses clients qui sont le reflet de ce qu'il tolère, il y met immédiatement un holà.

Si par exemple un de ses visiteurs jurait de la plus mauvaise façon, Jules se dirait que l'autre se croit permis de le faire mais cela ne se peut pas parce qu'il est dans un lieu saint et qu'il n'en a pas le droit.

Alors, ayant autorité sur ce lieu que le Seigneur lui a confié, Jules va discrètement lier l'esprit mauvais qui est en cet homme et, si cela ne suffit pas, le mettra dehors même si il n'a pas payé son verre.

Tiens, cela me rappelle l'histoire de cette sœur qui travaillait au guichet d'une banque.

Elle avait un client qui avait la bouche pleine d’obscénités malsaines au point que quand il le voyait arriver, le personnel de l'agence tremblait et ne savait que faire. On ne vire pas le client d'une banque qui vous nourrit.

Cette sœur, Carole, n'en pouvait plus, et à chaque fois priait son Dieu de la débarrasser de l'importun jusqu'au jour où une parole de connaissance lui révéla qu'elle avait à faire non pas à un individu mais à un esprit impur.

- Tu dois prendre autorité sur cet esprit lui suggéra la divine voix.

Carole se rendit aux toilettes et, le plus discrètement possible, lia cet esprit obscène, prit autorité et, de retour à son guichet, constata que le client s'était cette fois calmé.

La semaine suivante, elle agit de même au retour de ce client et ce fut terminé.

Plus tard, ses collègues constatant un changement chez le bonhomme commentèrent l'affaire mais ne surent jamais ce qu'il s'était passé.

Nous relevons par contre ici une erreur de la sœur qui aurait dû profiter de « l'expérience » pour annoncer l'évangile mais c’est un autre sujet.

Une autre fois, un disciple, Camille, avait emménagé dans un petit studio dont les murs étaient si minces qu'il entendait tout ce qui se passait dans l'appartement voisin.

Sa locataire, une femme âgée tranquille avec un petit chien, ne le dérangeait pas trop sauf quand elle recevait la visite de ses enfants et là, elle se déchaînait avec fortes insultes et autres méchancetés. La vie en devenait intenable et Camille ne savait pas quoi faire.

Un jour, après le passage dans son église d'un prédicateur qui enseignait sur le combat spirituel, il prit conscience de ce qu'est le besoin de délivrance et compris de quoi sa voisine souffrait.

A la première dispute, il s'assit sur son lit et commença à prier et, au nom de Jésus, attaqua le démon et lui intima l'ordre de se taire. Le silence se fit.

Je ne vous cache pas que Camille en fut le premier surpris mais sa foi de jeune converti à l'époque trouvait cela tout naturel, et il ne subit plus jamais aucune nuisance de sa voisine au point qu'il se demanda les jours suivant si elle n'avait pas déménagé mais ce n'était pas le cas puisqu'il la croisait encore quelquefois dans l'escalier.

Je vous raconte tout ça car il semble y avoir une relation entre ce que vous vivez, ce que vous êtes, et ce que vous pouvez.

Si vous ne pouvez pas vous retirer du monde, vous pouvez gérer votre vie dans ce monde et en faire bien plus que vous ne l'imaginez.

Dieu, par Sa parole a créé le monde et, si en vous donnant Son Esprit Il n'a pas fait de vous des magiciens qui font ce qu'ils veulent avec une baguette magique, Il vous a donné la capacité d'intervenir sur les événements comme en témoignent les nombreuses guérisons et les miracles que nous constatons parmi nous. Cette journée par exemple.

De la même façon, vous pouvez et devez prendre autorité sur votre solitude, qu'elle soit spirituelle ou sociale, et sur votre vie de tous les jours que vous ne subissez plus quand vous êtes hors des murs de l’Église.

Il est évident que si vous ne vivez votre vie spirituelle qu'à des moments donnés ou choisis, vous ne verrez pas la puissance dans votre vie personelle, vous ne vivrez l'éternité que dans ces moments-là, et le reste vous paraîtra bien fade voire contrariant.

Si vous vivez votre foi à plein temps, Jésus est avec vous où que vous alliez et, quoi que vous  fassiez et vous êtes alors une bombe.

Même isolé au fond d'une vallée avec la première assemblée évangélique à plus de cinquante kilomètres, vous serez capable de participer à l'édification et à la construction de l’Église avec les moyens que Dieu a déjà mis entre vos mains car quoi qu'en pensent certains nous avons tous des dons.
Des dons que Dieu veut vous voir exprimer et je ne parle pas seulement du parler en langue ou de la facilité à décrypter le latin, le grec ou l’hébreu pour ceux qui aiment ça.

Ne savez-vous pas distribuer des tracts dans des boites aux lettres,
Ne savez-vous pas bâtir une maison ou relever les murs d'une grange,
Ne savez-vous pas faire la cuisine et inviter vos voisins
Ne savez-vous pas faire des petites choses ?

Oui, bien sûr, tout disciple sait faire quelque chose ou voudrait le faire et le plus petit de vos gestes est compté.

Souvenez-vous de cette parablole où il est question des ouvriers et de la moisson.
Il n'y est pas parlé de qualification mais de l'heure à laquelle il faut qu'ils aillent au travail.


Ce que nous devons comprendre, c’est que si nous sommes ses disciples, Jésus-Christ nous a placés là où nous sommes avec parfois le peu de moyens et de foi que nous avons pour servir à Sa gloire et selon le dessein qu'il a choisi pour nous.

Tout à l'heure, des frères nous ont fait part de leur solitude spirituelle qui a motivé leur présence à cette rencontre et, si mon vœux le plus cher est qu'ils nouent des relations les uns avec les autres, je peux déjà leur apporter la réponse qu'ils attendent.

Non, vous n'êtes pas seuls mais environnés d'une nuée de témoins et Dieu vous a placés là où vous êtes pour que vous soyez une lumière vivante qui attirera des âmes dans le Paradis de Dieu.

Cette foi qui vous anime, vous êtes placés là pour la partager et la communiquer à ceux qui ne l'ont pas et qu'importe le moyen.

Bien sûr, on vous a appris qu'il fallait que vous soyez deux ou trois réunis pour que Jésus soit parmi vous et que les miracles se fassent et vous culpabilisez parce qu'on vous a dit qu'Il les envoyait deux par deux.

Ce n’est pas toujours vrai et la Bible témoigne d'expériences où un seul homme a produit un travail fantastique. Regardez Saul de Tarse pour ne parler que de lui.

L’Église, c'est vous.

Demain soir, quand vous rejoindrez vos foyers, vous saurez que vous faites partie des "sept mille" qui n'ont pas plié le genoux devant Baal.

Vous êtes un de ces sept mille.

La rencontre de ce week-end est pour vous rassurer et vous dire que pas loin de chez vous, il y a toujours un frère et une sœur pour partager votre fardeau et vos victoires.
Désormais, ce sont plus de trois cents portes qui vous sont ouvertes et la vôtre est désormais prête à accueillir quiconque y frappera.

Je vous propose maintenant de prier mes frères et, si vous avez des questions ou des suggestions pour clôturer mon information, je voudrais bien les entendre afin que tous aient l'occasion de participer aux enseignements.

Après une courte prière qui scella spirituellement les bonnes choses qui avaient été apportées, un temps de questions/réponses fut accordé aux auditeurs qui avaient quelque chose à se faire préciser et les convives se crurent au pieds de Gamaliel qui n'était venu que pour eux. Tous avaient oublié la salle des fêtes.

Pour terminer la session, Jo fit une annonce pour préciser l'organisation de l'hébergement et, sur la suggestion du propriétaire de l'usine, proposa que la prochaine rencontre se fasse directement là-bas ce qui éviterait de nouvelles allées et venues inutiles.

- Le repas sera à 19h et ceux qui sont hébergés par les disciples de la ville prendront le petit déjeuner directement chez eux demain matin.

Ce soir, à partir de 21h les jeunes nous donneront un petit concert, nous parlerons de vos projets pour ceux qui en ont à moins que notre programme ne soit bouleversé encore une fois mais, comme nous n'aimons pas vraiment être trop rigides, cela ne nous dérange pas et je suis sûr que ceux qui ont l’habitude de plus de formalisme ne nous en voudrons pas.

Une équipe va remettre la salle en ordre pour demain et si quelques jeunes veulent se joindre à elle pour l'aider, sentez-vous libre. Merci.

Le peuple de Dieu traîna le plus longtemps possible dans la salle des fêtes car il s'y sentait bien  ce jour là et le pasteur Roger dût chasser les retardataires pour laisser la place au nettoyage.

Rendez-vous fut donné à l'Usine.

ichtus

Le repas du soir fut aussi sympathique que le déjeuner et le chef félicita son équipe pour l'organisation de l'intendance. Il avait rarement vu un personnel aussi discipliné et, si le Seigneur n'avait pas été de la partie, il aurait cru qu'il avait fait lui-même ce miracle.

Le dessert expédié, ceux qui étaient logés dans les maisons des disciples purent installer leurs quartiers et on coucha les plus petits des gosses qui furent gardés par des sœurs volontaires qui sacrifièrent cette soirée qu'elles attendaient pourtant avec beaucoup d'impatience.

Pendant ce temps, les jeunes s'étaient enfermés dans leur dortoir, dans le bâtiment d'à côté et, en faisant bien des mystères, improvisèrent sur le tas un spectacle à faire pâlir les comédiens professionnels qui avaient besoins de plusieurs mois pour répéter.

De son coté, le leadership, Roger, Jo et les responsables des communautés présentes, improvisèrent entre eux une réunion pour faire le point sur le week-end en cours car, bien qu'ayant établi un programme, ils ne savaient absolument pas où ils allaient.

Pour ce soir, après le spectacle, ils présenteraient Priscille et Aquilla et organiseraient ensemble le culte du lendemain.

Les hommes de Dieu passèrent un temps en prière et rejoignirent le reste du troupeau juste au moment où le rideau installé à la hâte par des gamins qui voulaient aussi participer allait se lever, ils n'en crurent pas leurs yeux tant fut grande la surprise.

Des instruments de musique avaient été réquisitionnés et une sono et des éclairages positionnés autour d'une scène de fortune pendant qu'ils étaient en prière et ils n'avaient même pas été consultés. 

- Mais où ont-ils été chercher tout ça ? demanda le pasteur Roger estomaqué.
- Ce sont les mystères de la providence, répondit rigolard un jeune qui passait à ce moment là. Asseyez-vous, ce soir, c’est nous qui régalons.

Le rideau se leva.

Deux gosses fiers comme des papes tiraient d’énigmatiques ficelles, un petit asiatique frappait les trois coups sur le fond d'une bassine, des lumières s'allumèrent et trois mages apparurent sur des vélos d'un autre âge récupérés on ne sait ni comment ni où.

Le premier, tout barbouillé de noir pour faire plus africain et vêtu d'une robe de grand-mère et coiffé d'un 
authentique Panama , s'arrêta et dit dans un micro...

- Nous sommes les rois mages et nous savons que ce n’est pas Noël.
Nous avons été trompés par des vents de doctrine qui disent que le dénommé Jésus n'est pas né un vingt cinq décembre. Les autres rois et moi le cherchons parmi vous. L'avez-vous vu des fois ?

- Non, répondit une voix complice dans la salle, il est reparti.

- Quoi ? pesta le deuxième mage vêtu lui d'un pantalon en dentelle et d'une redingote, il ne sait même pas marcher !

Le troisième, en costume trois pièce et coiffé d'un béret, tapota les touches de son smartphone et dit en s'adressant à l'assemblée...

 -Nous nous sommes trompés de siècle et de mois. Nous sommes en 2013 et c'est la pentecôte. C’est vrai, Il est déjà reparti. 

Les trois mages renfourchèrent sur leurs vélos et regagnèrent les coulisses, aussitôt remplacés par une volée d'anges en short et bonnet blanc qui entonnèrent à capella le chant « les anges dans nos campagnes ».

Leur prestation terminée, ils s'enfuirent sous les applaudissements et un Jésus de blanc vêtu entra en scène suivi suivi par douze apôtres en salopettes toutes neuves.

Vous me cherchez où je ne suis pas, 
Vous m’adorez sans me connaître, 
Vous me suivez quand je ne suis pas là
et vous me précédez là où je ne veux pas être. 

Combien de temps devrai-je vous supporter vous qui pratiquez l'iniquité et le mensonge et ne savez pas qui je suis ? 

Le Jésus de théâtre partit dans un long discours qui lui permit de fixer l'attention du public pendant que les anges discrètement mettaient en place des instruments de musique et, à la fin de la tirade, les lumières s'éteignirent.

Une voix off caverneuse parla de péché et de ténèbres, de sauvetage par la foi en celui qu'on nommait le Christ, les spots se rallumèrent dévoilant les douze derrière leurs instruments et le spectacle commença vraiment.

Des chants, des saynètes, récitations de psaumes sur des musiques plus ou moins connues des chrétiens, et, à la fin un feu d'artifice de solos contant des aventures de disciples en Palestine ou parcourant la Galilée.

Une heure et demie de spectacle absolument improvisé qui avait été préparé en soixante dix minutes, costumes et technique compris, par des jeunes qui pour la plupart ne se connaissaient pas la veille.

Un standing ovation récompensa les acteurs et des larmes coulèrent sur le visage du maire de la ville qui se disait que s'ils étaient tous comme cela, il y aurait bien moins de problèmes sur sa commune.

Pasteur Roger, lui aussi ému aux larmes, pris le micro et dit...

- Je crois que nous venons d'avoir un exemple de la puissance de l'Esprit qui souffle sur l’Église de Jésus-Christ.
Je n'avais jamais vu une chose pareille et je me demande où ils ont été dénicher ces costumes et ces histoires.
Pour les textes, ces gosses connaissent leur Bible et savent déjà à leur âge ce qu'est un disciple et je ne vois pas ce que nous pourrions vous dire de plus ce soir.

Priscille et Aquilà sont là ce soir avec nous et je vais leur demander de s'avancer afin de vous les présenter.

Demain, nous aurons le culte à 10 h à la salle des fêtes et nous viendrons prendre la Sainte Cène ici sous forme d'agape et passerons l’après midi dans le parc de l'usine ou à la salle des fêtes s'il pleut.

Ceux qui logent dans les maisons des disciples peuvent partir avec eux et les célibataires et les jeunes restent ici et se débrouillent entre eux.

Encore merci aux jeunes pour ce spectacle. Prions avant de nous séparer pour la nuit.

Par la voix du Pasteur Roger qui tenait à ce moment là le micro à la main, ils remercièrent Dieu pour cette journée magnifique et acceptèrent la bénédiction pour la nuit et la journée du lendemain.

Les frères se séparèrent mais pour certains la journée n'était pas finie.
Les jeunes, comme des grands, avaient organisé leur propre convention.

ichtus-miniIls appelaient cela un « After ».

 Un After, c’est un peu une soirée après une soirée où les fêtards se retrouvent pour danser tard dans la nuit, histoire de rester entre eux quand le reste du monde dort du sommeil du juste.
Comme ils avaient improvisé le spectacle, après avoir demandé au propriétaire l’autorisation de faire un feu dans le parc, ils organisèrent une veillée dont les jeunes ont le secret et où aucun adulte n’est invité parce ce qu'ils y vivent ne les regarde pas.

Comme ils n'avaient pas l'intention de consommer de la drogue ou quelques alcools prohibés, ils convièrent toutefois les « célibataires » plus âgés qui occupaient avec eux le dortoir et les disciples hébergeurs, après avoir accompagné leurs hôtes en leur demeures, revinrent à l'usine pour eux aussi profiter de la fête.

Ils avaient bien sûr pillé le frigo du chef en lui chipant des victuailles et se préparaient à faire bombance autour d'un feu de camp et de quelques guitares comme ils savent si bien le faire.

Filles et garçons bien sages mais avec des pensées d'avenir,

Fraternité réussie à faire pâlir beaucoup « d'églises »,
Discussions sur la foi mais aussi d'internet, de mode et de musique,
Ce que les jeunes se disent mais que l'on ne comprend pas.

Une nouvelle génération de disciples allait naître de cette soirée là car Cupidon était aussi de la fête, et nous aurions bientôt des mariages à bénir au nom de Jésus. 

Lequel Jésus, le vrai, dit en baillant à son Père...

- Ils sont bien ces petits. 
Allons nous aussi nous coucher. Nous avons culte demain.

Lire la suite...

Alerte d'édition

Les commentaires sont fermés.