La salle des fêtes de la mairie de la ville avait été aménagée par les disciples pendant la nuit.

Aménagée est un bien grand mot car ils avaient juste démonté les sièges et avaient entassé des chaises dans un coin à destination de ceux qui seraient fatigués ou voudraient tout simplement s’asseoir.

Dans le fond de la salle, ils avaient disposé un buffet où chacun pourrait sans formalité se restaurer à sa faim ou se désaltèrer.

Thé, café, jus de fruit, petits gâteaux, rien ne manquait et les fleurs n'étaient pas sur l'estrade pour faire comme tout le monde selon la tradition mais sur les tables pour accueillir les amis, preuve de leur amour pour eux..

Les musiciens, disciples d’accueil, prédicateurs et serviteurs de base étaient venus plus tôt non pour « chauffer  la salle » mais prier dans l'enceinte et spirituellement préparer l'endroit à recevoir l'Esprit de Dieu pour cette matinée.

Les convives arrivèrent par petits groupes et furent un peu désorientés de ne pas trouver comme d'habitude dans une église des chaises en rang d'oignon, mais ils comprirent vite que là n'était pas l’essentiel. Nous ne venions pas assister à un spectacle mais rendre un culte à notre Dieu.

C'est là que le buffet fit des miracles.

Ne sachant pas où s’asseoir, les chrétiens se dirigeaient spontanément vers les tables en recueillant au passage une feuille de papier qui leur précisait le déroulement de cette nouvelle rencontre. En quelque mots, le texte expliquait.

« Mon frère, ma sœur,


Bienvenue sur le parvis de la maison de Dieu.

Tu n’es pas ici ce matin pour assister à une cérémonie ou pour faire voir aux autres que tu es là mais pour rendre un culte à ton Dieu en compagnie de tes frères.

Tout va se passer comme chez toi à la maison et c’est ton cœur que tu vas épandre devant le Seigneur, pas tes prières.

Pour les chants, nous avons volontairement écartés ceux qui disent « Je te donne ma vie », c’est fait, « Descend Saint Esprit et viens à moi», Il est déjà là, ou « prends ma vie Seigneur » car si ce n'était pas déjà fait, tu ne serais certes pas ici.

Nous venons pour adorer et apporter notre offrande sans rien demander en contrepartie. Juste le plaisir de Lui rendre grâce.

Pour les messages, il n'y aura en principe pas de prédication à proprement parler mais, si l'un de vous a à cœur d'apporter à la communauté une parole, une révélation, une prophétie, un enseignement ou quoi que ce soit qui vienne de Dieu, qu'il se sente libre de monter sur l'estrade où de parler de là où il est.

Soyez également libre de circuler dans la salle, d'aller boire un café pendant un chant où à n'importe quel moment tout en veillant à ce que l'ordre et la paix du moment soient bien sûr respectés.

Pour la Sainte Cène, nous ne nous contenterons pas d'un petit bout de pain mais nous partagerons notre repas à l'usine comme de coutume.

Mon frère, ma sœur, bienvenue dans la maison de Dieu. »


L'heure du culte arrivée, les musiciens déjà en place avec leurs instruments commencèrent à jouer et les frères se rapprochèrent de l'estrade. Jo, derrière son micro les regardait venir. Jésus aussi.

- Mes amis, vous avez vu qu'il y a des chaises au fond le la salle et ceux qui voudront s’asseoir peuvent le faire à l'endroit qu'ils veulent et quand ils le veulent.

Nous n'avons pas de programme établi pour ce moment et nous laissons le Saint Esprit se manifester aussi librement que vous êtes libres de Le recevoir.

Essayons seulement d'être à l'heure pour le repas à l'usine à 12h30 sinon le chef sera encore de mauvaise humeur.

Puis, s'adressant au Seigneur il dit....

- Nous venons dans ta maison notre Dieu et nous nous assemblons 
pour t'adorer.

Pas que ta maison soit ici plutôt qu'ailleurs, mais je veux te remercier particulièrement aujourd'hui de nous avoir inspiré cette rencontre dans un lieu qui ne t'est pas spécialement dédié et tu nous as montré par là-même que tu règnes sur toute la terre.

Nous comprenons ainsi que nous sommes partout chez toi, partout chez nous, et que partout Ton nom est glorifié.

Merci encore pour ta présence dans nos vies.

Les musiciens avaient en même temps entonné ce chant que nous aimons tant et connu de tous les disciples qui reprirent en cœur....


« Nous venons dans ta maison

Et nous nous assemblons pour t'adorer,

Nous venons dans ta maison

Et nous nous assemblons pour t'adorer,

Nous venons dans ta maison

Et nous nous assemblons

Pour t'adorer, Jésus !

T'adorer, te louer, Seigneur !

 

Tu nous donnes ta justice

Et tu nous affranchis pour t'adorer,

Tu nous donnes ta justice

Et tu nous affranchis pour t'adorer,

Tu nous donnes ta justice

Et tu nous affranchis pour t'adorer, Jésus !

T'adorer, te louer, Seigneur !

 

Nous levons nos mains vers toi,

Et nous te contemplons pour t'adorer,

Nous levons nos mains vers toi,

Et nous te contemplons pour t'adorer,

Nous levons nos mains vers toi,

Et nous te contemplons pour t'adorer, Jésus !

T'adorer, te louer, Seigneur ! »
 

Spontanément, ils enchaînèrent sur....
 

« Majesté, à lui la majesté,

A Jésus soit louange, honneur et gloire.

Majesté, suprême autorité,

Du haut des cieux,

Son règne vient sur tous les siens.

Exaltons et célébrons le nom de Jésus,

Glorifions et proclamons Jésus-Christ le Roi.

Majesté, à lui la majesté,

Dans notre cœur,

Christ le Sauveur règne en Seigneur. »

Nous ne savons pas combien de temps dura ce moment béni où le peuple de Dieu d'une seule voix adora son Seigneur mais le Saint Esprit, qui fait toujours bien les choses, ménagea quelques fois des moments de silence et des voix s'élevèrent dans la salle pour apporter une parole, un encouragement, une prière d'adoration ou un texte biblique inspiré qui remplissait le cœur de chaque disciple d'une joie que tous ressentaient. Il n'y eut aune fausse note.

Un jeune d'une ville voisine monta sur l'estrade, emprunta un saxophone, et pendant dix minutes improvisa un solo. Les invités crurent entendre Dieu parler.

Puis, un témoin vint leur dire que jamais dans son église il n'avait ressenti la présence du Seigneur avec une telle intensité alors qu'il croyait que son « église pentecôtiste » était une des spécialistes du Saint Esprit et il ne disait pas cela pour « taper sur son ex-assemblée » par parce qu'il était confus. Il redescendit humblement de l'estrade.

Les Darbystes se jetèrent un regard amusé et le frère Paul souri.

Les pentecôtistes sont des gens comme les autres se dit-il.

Une jeune fille, de la place où elle était , éleva un chant qu'elle était la seule à connaître.
Le silence se fit et une fois de plus, le Peuple écouta son maître lui parler.

Après cela, un frère à son tour monta sur l'estrade et apporta un court enseignement sur la nécessité de laisser nos « instruments » à la maison quand on venait louer Dieu le dimanche.

Il parlait de la belle Bible, des épais carnets de chants, le beau costume et l'air inspiré, et tout ce qui fait l’attirail du parfait chrétien car il pense que Dieu n'aime pas les fioritures.

- Vous savez, dit-il, jusqu'au moment où je me suis converti et que j'ai rejoint une équipe de disciples, je n'aimais pas le dimanche, et venir au culte était pour moi une véritable torture car je ne pouvais supporter le sourire béat de gens qui pourtant se détestent.

Dans non église, les leaders avaient inventé une technique qui obligeait les gens à s'embrasser pendant le culte en se donnant le « baiser de paix» comme ils disaient et, quelquefois, ils renouvelaient l'opération à plusieurs reprises dans la matinée en ordonnant...


- Allez, prouvez à votre frère que vous l'aimez. Donnez-vous le baiser de paix.

Un dimanche, à la troisième fois, je suis parti et je n'ai jamais depuis plus embrassé un chrétien.
Aujourd'hui, j'ai envie de vous embrasser tous et je suis guéri de mon angoisse.

Merci Seigneur de m'avoir amené ici.

Les larmes aux yeux, Jérôme Presquil monta à son tour sur l'estrade et embrassa le garçon comme on embrasse un frère et nous fit un discours sur le pouvoir de l'amour qui sauve et l'amour qui guérit.

- Vous savez pourquoi il y a tant de malades et de morts spirituels dans les églises ?
C’est parce qu'il y manque une valeur fondamentale qui est pourtant la base de ce que Dieu à voulu pour nous puisque par Son amour il a donné son fils unique pour que nous soyons sauvés et puissions nous rassembler comme aujourd'hui. C’est l'amour.

C’est l'amour que Dieu a fait résider en nous qui sauve mais aussi qui guérit des maladies spirituelles, morales, psychiques, sociales et de tous les tourments que nous rencontrons sur la terre.

Jésus faisait des miracles et guérissait les gens de son époque parce qu'il les aimait et c’est cet amour qui vient de restaurer notre frère.

Non seulement sans l'amour nous ne sommes rien, vous avez tous lu 1 Corinthiens 13, mais nous ne pouvons rien faire sans cet amour et nous devons veiller à ce que jamais il ne s'éteigne.

Notre présence ici, c'est l'amour
Le travail de l’Église dans cette ville, c'est l'amour
Ses résultats, c'est parce qu'il y a de l'amour
Sa puissance, c'est l'amour

La Vérité, c'est l'amour, et si il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de vérité non plus et personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu si il n'a pas en lui l'amour que Dieu donne sans compter à ceux qui le reçoivent et restent dignes de le fréquenter.

Vous, les disciples, vous en êtes les récipiendaires et je n'ai rien à vous apprendre sur le sujet, mais ma petite intervention était juste un rappel à ne jamais vous refroidir et garder ce merveilleux cadeau quoi qu'il arrive.
C'est votre amour pour les âmes qui sauve les hommes et c'est aussi cet amour qui les guérit quand ils en ont besoin.

Gloire à Dieu !

- Amen cria presque le peuple des disciples d'un seul coeur.

- Cet après midi , à partir de 15 heure, c’est Priscille et Aquila qui prendront la parole pour vous apporter ce qu'il ont reçu. Ils seront avec nous encore ce soir et demain.

Nous allons maintenant aller déjeuner et je vous invite à vous déplacer vers l'usine dont vous connaissez maintenant le chemin.

A tout à l'heure.

Le culte terminé, ils s'apprêtaient à quitter la salle quand le pasteur d'une autre assemblée prit la parole de la salle et fit remarquer qu'ils avaient oublié l'offrande.

Roger monta sur l'estrade et expliqua.

- Par rapport aux offrandes, nous avons une politique dans l’Église de la ville un peu différente de celle des autres assemblées.

Sauf pour pourvoir à un besoin urgent en direction des pauvres et des persécutés, nous ne demandons jamais d'argent et chez nous, chaque frère sait à ce propos ce qu'il a à faire et il n'y a pas de raison que cela change aujourd'hui.

Nous savons que certains d'entre vous trouvent juste de participer financièrement aux frais de cette rencontre et je ne vous dirai pas que ce n’est pas utile mais Dieu à déjà pourvu à la dépense.

Toutefois, si vous insistez, voyez avec celui ou celle qui vous héberge, les cuisinières ou n'importe quel frère de chez nous car « le secrétariat » est occupé à autre chose pendant le week-end.

Quelques traînards, en fait plus de la moitié des amis, ne voulaient pas quitter la salle et seraient bien restés autour du buffet pour papoter tout en grignotant un peu mais Roger leur dit que l'agape du midi servait de Sainte Cène et les convia à rejoindre tout de suite l'usine.

- Ne vous inquiétez pas, vous aurez encore l'occasion de continuer à vous rencontrer et ne faisons pas attendre le chef et le service aux tables qui vont s'impatienter. Aimez-vous manger froid ?

Comme des enfants bien élevés mais avec quelques regrets tout de même, les indisciplinés disciples rejoignirent les rangs en commentant avec beaucoup d'émotion le moment qu'ils venaient de vivre.


-Vous faites cela tous les dimanches ? demanda un invité à Gérard d'Orville qui marchait à côté de lui.
- Non, nous, c’est le samedi, répondit Gérard.
- Nous réservons le dimanche pour des réunions d'évangélisation à la salle des locaux et pour visiter les autres églises de la région chacun à notre tour. Nous avons ainsi l'impression de ne pas être les seuls sur la terre et cela nous a permis de vous rencontrer.
- Mais, pour l'argent, comment vous faites sans demander des offrandes ?
- Nous partageons tout et, quand il en manque, Dieu pourvoit et si c’est bien rare que nous ayons du surplus, nous ne manquons jamais de rien.
- Tout de même, insista l'autre, mais pour louer une salle comme celle d'où nous venons et l'usine, il faut avoir les moyens tout de même !
- Non, nous avons fait avec ce que nous avions et pour l'usine, elle nous a été prêtée.
Pour le reste, nous nous débrouillons fort bien car nous n'avons pas d'ambition mais juste des besoins.
- Cela est une bonne réponse sourit le frère avec un regard en coin, je comprends que vous soyez tant à l'aise.

En se rendant à l'usine, un autre groupe discutait à propos des dons spirituels et l'un d'eux s’étonnait de n'avoir pas entendu crier dans la salle.

- J'ai assisté une fois à une réunion dans une église où pendant la prière, tout le monde criait en même temps au point où cela en devenait désagréable, dit-il avec une pointe d'ironie. Je me demande comment le Seigneur fait pour les comprendre.
- Oui, c’est une spécificité des ADDF, répondit son compagnon qui avait remarqué lui aussi, ces gens ont été habitué comme cela.
- Il y en a même qui pleurent sur commande et ce que je me demande moi, intervint un troisième, c'est comment ils ne s’aperçoivent pas que cela n'a rien de spirituel et que Dieu doit être lassé de ces fausses émotions qui ne le glorifient pas.



Laissons là nos disciples critiquer un peu ce qu'ils n’acceptaient pas et devançons-les à l'usine où l'effervescence régnait parce que le chef avait encore piqué une de ses belles colères.


- Pourquoi les gâteaux ne sont-ils pas arrivés, tonnait-il en prenant les sœurs à témoin, c’est un scandale et ce pâtissier va avoir de mes nouvelles. Il veut ma mort ou quoi ?
- Sans doute pas, lui dit un jeune un peu craintif, qu'est-ce qui te fait penser à cela ?
- Mais je suis déshonoré petit, ne sais-tu pas que pour un chef tout doit être parfait ?
- Vous pensez à Vatel ? Interrogea Armande finaude.
- Non, lui, c'était le poisson et il a bien fait de se suicider, ragea le chef de plus belle, mais qu'est-ce qu’il fait ce pâtissier !
- Il veut te mettre à l'épreuve lui souffla goguenard celui qu'il appelait « son arpette » mais qui lui rendait d’immenses services, tu as besoin d'apprendre la patience.
- Un grand chef n'attend pas, répliqua le cuisinier dans sa colère et …

Il ne pu en dire plus car il venait de réaliser la justesse des propos de son second qui sans le vouloir venait de lui donner une leçon spirituelle. Oui, il avait bien besoin de se calmer un peu surtout qu'il se rendait compte qu'il stressait tout son entourage et qu'il n'y avait que lui qui parlait.

- Bon, mais il va m'entendre ce pâtissier promis le cuistot pour sauver la face, voici les invités.

En effet, les disciples qui avaient participé au culte commençaient à entrer dans la cour de l'usine et il n'était plus temps pour personne de se disputer. Le chef fit une courte prière.

- Seigneur, bouscule ce pâtissier s'il te plaît.

Les gâteaux arrivèrent un peu plus tard, bien sûr, et les convives firent ce qu'on appelle un repas de fête. Seul le vin manquait un peu à certains qui étaient fins gourmets.
Après le repas, chacun vaqua à une occupation en attendant l'heure de la prochaine réunion et beaucoup de liens se tissèrent entre les disciples de la région qui s'invitèrent mutuellement à se visiter d'une manière tout à fait informelle.

Les jeunes avaient repris leur guitare et chantaient des cantiques de leur composition. Pierre et Anne, qui ne se quittaient plus, essayaient de donner le change mais leur manège ne trompait personne.
Ils lisaient la Bible dans un coin écarté mais visiblement pensaient à autre chose.

Les bonnes mœurs étant de mise chez les Enfants de Dieu, les tourtereaux se tenaient à distance respectueuses l'un de l'autre et quelques adultes encore un peu égrillards prenaient déjà des paris sur l'avenir.

- Je ne leur donne pas trois mois avant qu'ils ne se déclarent, dit Marcel qui d'ivrogne qu'il était se trouvait être un gai compagnon.
- Pari tenu, rigola Jimenez qui continuait à s'occuper des groupes de jeunes dans son assemblée. Le seul problème pour un pari est que je suis d’accord avec toi.
- De toutes façons, ces deux-là, ils se ressemblent, dit Marcel qui avait l’habitude de rencontrer du monde, nous devrions parier plutôt l'avenir de Jo car il est toujours célibataire et je me demande si nous ne devrions pas l'aider un peu pour trouver une épouse, il va se faire vieux.
- Ce n'est pas à nous à nous en occuper, répondit l'autre luron, mais puisque tu en parles....

Les deux frères se mirent à l'écart et prièrent pour les jeunes, les célibataires, les divorcés, bref, pour tous ceux pour qui ce genre d'agape favoriserait la rencontre. Ils savaient à ce moment là être écouté de Dieu.

Sur les bancs disposés prés de l'entrée du bâtiment, une dizaine de personnes âgées devisaient calmement et comparaient les temps anciens et ce qu'ils vivaient tous en ce moment.

- De mon temps, dit une vieille, on allait à l'église parce qu'on y était obligé et cela a fini par devenir une habitude.
- Oui, lui répondit une septuagénaire, chez nous, nous n'étions religieux que le dimanche mais cela nous arrangeait très bien. Le plus dur était la prière avant de se coucher et ma mère, bien que peu religieuse était intransigeante sur la question.
- Mon père était pasteur, ajouta à son tour une jeunette de 65 balais, et nous avions droit, nous les enfants, à une étude biblique obligatoire avant chaque repas.. Mon Dieu ce que nous avons souffert !

Les trois femmes en riant continuèrent à échanger des souvenirs de jeunesse tandis que le reste de la troupe se préparait à rejoindre la salle des fêtes pour la réunion de l’après midi.



Sans doute par habitude ou pour attendre la fin de la digestion, les disciples de la régions chantèrent quelques chants mais le cœur n'y était pas. Il attendaient la première intervention de Priscille et Aquilla qui, enfin, montèrent sur l'estrade.

Contre toute attente, ils emmenèrent avec eux chacun une chaise et une petite table et Aquilla redescendit pour aller chercher un bouquet de fleurs qu'il posa sur la table.

- Les fleurs, c’est pour vous les offrir, dit-il à la cantonade. Comme cela, si ce que nous allons vous raconter ne vous intéresse pas, vous n'aurez pas tout perdu.
- Et nous en jetons l'eau des fleurs à la tête du premier qui s'endort pour faire une sieste continua Priscille comme s'il s'agissait d'un sketch.

Tout le monde s'esclaffa et la glace était déjà rompue.

- Cette petite entée en matière était pour dérider la salle, poursuivit Aquilla reprenant son sérieux, parce que quand nous parlons dans des lieux où l'on ne nous connait pas, les gens sont toujours un petit peu timides et nous voulons casser le formalisme qu'il y a dans certaines assemblées.

N'oublions pas que Jésus prêchait sur la montagne, dans une barque, dans des temples, dans la rue, chez des particuliers, et même qu'une fois, il a produit son petit effet sur un âne alors qu'on l'attendait en carrosse ou triomphant sur les ailes d'un ange.

Nous avons mis une table, ce n’est pas pour simuler une chaire mais juste pour poser nos Bibles et nos coudes. C’est bien plus confortable que de rester devant vous droit comme des « I » pendant une heure.

Devinez de quoi nous allons parler. Mais de l’Église tiens donc !

Par les sourires illuminant les visages des disciples qui écoutaient cette entrée en matière peu orthodoxe, les orateurs surent que le public leur était acquis.

Aquilla reprit.

- Il y a un passage que nous aimons beaucoup et qui parle de grain de moutarde et de branches. Vous le trouvez en Matthieu 13 :31-32 et je propose que nous le lisions ensemble.

« Il (jésus) leur proposa une autre parabole, et il dit: Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ.

C'est la plus petite de toutes les semences; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches.  »

C'est un peu l'histoire de l’Église de la ville qui nous reçoit ces jours-ci, mais je ne pense pas que vous ayez eu le temps de lire la brochure que vous avez reçue en cadeau en arrivant et qui raconte l'historique de cette œuvre, et c'est par là que je voudrais commencer.

Souvent, les églises naissent de scissions volontaires parce que l’assemblée « grossit » trop vite et une partie essaime dans un autre quartier, ou involontaires quand il arrive une division entre frères et une partie des membres suivent le leader qui s'en va.

Elles naissent aussi de la volonté d'un homme qui, ayant quitté une église pour une quelconque raison, va ouvrir sa « propre boutique » et inviter les mécontents des autres assemblées à le rejoindre.

Quelque fois aussi, un pasteurs qui se fait évincer l'une église ou d'une fédération ouvre aussi « son » église  et encore, tout simplement, un homme peut-être appelé par le Seigneur dans Sa vigne parce que dans le coin il n'y a pas de maison digne de Son nom pour accueillir Ses Enfants ou ceux qui vont le devenir.

Tous, autant que vous êtes, venez d'horizons différents et, si certains d'entre vous « sortent » d'une autre assemblée, la plupart d'entre vous avez été enfantés en Christ par la prédication d'un frère et avez rejoint le troupeau dans lequel vous évoluez.

Nous parlerons essentiellement de cette dernière option parce qu'il y aurait trop long à dire sur le reste quoi que nous pourrions être amenés à en parler pendant le temps qu'il nous reste à passer ensemble.

Dans tous les cas, celui qui vous a parlé de Christ et vous a amené à la foi et à votre condition de disciple est un personnage qui est passé par tout un processus, disons de diverses étapes, que nous allons examiner maintenant afin de comprendre comment une simple graine de moutarde a pu devenir aussi importante pour que ses branchent servent de nichoir à une aussi grande communauté.

Abraham avait été étonné quand Dieu lui avait dit que de son sein sortirait un peuple plus nombreux que les grains de sables de la mer . Vous vous rendez compte ?

Je me demande si Abraham à cru Dieu à ce moment là mais ce qui est certain, c’est que la plupart des réveils dans une région se sont produits grâce au travail d'un seul homme, d'une seule graine qui a porté du fruit.
Ce fruit en a donné dix, ces dix en ont donné cent et ces cent, combien en donneront-ils ?

D'accord, vous qui êtes réunis n'êtes pas tous le fruit d'un seul homme, mais c'est le travail d'un seul homme qui vous a permis d'être ensemble aujourd'hui et c'est très important parce que divisés auparavant vous étiez, réuni aujourd’hui et unis vous êtes.

Un murmure parcouru la salle. Le peuple approuvait.

Mais avant d'en arriver là, il a fallu des mois et des années de préparation pour que le grain tout d'abord germe, puis éclose, qu'il fleurisse, qu'il porte un premier fruit, un second, une branche et ainsi de suite pour être la branche que nous voyons de nos yeux et dont nous sommes nous-mêmes les fruits.

L’historique de cette église reste assez discret sur la première phase qui est la conversion de Jo et le combat qu'il a mené contre lui-même pour enfin être prêt et commencer à construire. C'est normal, c'est lui qui l'a écrit et les douleurs de cet enfantement ont été très pénibles mais vous les comprendrez car vous les avez tous vécues.

S'il est très facile d'être un religieux dans une église, toute évangélique qu'elle soit, c’est une autre paire  de manches que de devenir un réel disciple. Que disait Jésus sur la question ?

Celui qui veut devenir mon disciple.....

Vous connaissez tous les versets qui parlent de la question.

Avant de devenir chrétien, le disciple a du mourir au monde, puis, il a du mourir à lui-même, puis, il a du faire mourir la religion qu'on lui a apprise et, sa liberté gagnée, il a dû sacrifier cette liberté pour la mettre entièrement à disposition du Maître.

Je vous ai résumé cela en une phrase mais cela a pris à certains disciples des années pour le comprendre et ils ont du subir pour la plupart le courroux et les insultes des frères. Enfin de ceux qu'il croyait être leurs frères

Pour ceux que vous amenez à la foi, il doit en être autrement et souvenez-vous que Jésus a formé ses disciples en moins de trois ans seulement et, même si certains d'entre eux étaient parfois un peu turbulents, tous travaillaient en faveur du Royaume et portaient le fruit que l'on voit encore maintenant.

En fait, pour nous, le processus a été très long car nous avons du franchir des étapes qui n'auraient pas eu lieu d'être.

La plus importante est celle de la religion.

Beaucoup d'entre nous sont venus à la foi par au travers d'églises traditionnelles, ou plutôt institutionnelles devrais-je dire, où l'on trouve ce mélange de foi et de religion qui fait tant de dégâts et que vous avez quittées car elles se révélaient apostates.

Vous y avez subi des enseignements erronés, ceux qui « excusent le péché » par exemple, et pris des habitudes dont vous avez dû vous débarrasser car ce sont elles qui vous empêchaient de grandir et, comme ceux qui échappent à des sectes, certains d'entre nous ont dû être « déprogrammés » et guéris des blessures infligées non pas par des hommes mais des systèmes pervers qui nous retenaient prisonniers.

C’est ce que nous allons ensemble examiner maintenant.

A suivre...

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