Le lendemain, dimanche, tous allèrent au culte comme si rien ne s’était passé.
Les troubles occasionnés par l’affaire Anita qui avaient occupé les membres de la congrégation pendant une bonne semaine avaient disparu comme par enchantement. Cette dernière n’était d’ailleurs pas dans la salle et on ne la revit plus.

"Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira loin de vous." Jacques 4: 7

Le Pasteur Principal prêcha ce jour-là comme jamais il n’avait prêché. Les ouailles remarquèrent que cette foi-ci, il avait l’air de penser ce qu’il disait, ce n’était pas coutume, mais laissons les mauvaises langues dire ce qu’elles veulent et laissons parler le prédicateur.

Il parla du ciel et de l’enfer. Il décrivit cela comme si il y avait été, ce qui fit dire plus tard à la libraire qu’il avait du lui faucher un bouquin.
La réalité des descriptions des choses des ténèbres firent trembler et réfléchir l’assemblée, et, si il n’y eut pas ce jour de grandes révélations, on devina bien vite que le Pasteur Principal avait quelque chose à dire.
Le bougre hésitait. Seulement, une partie du message avait été divulguée et les fidèles se demandaient quel était ce mystère. Il en oublia même l’appel à l’imposition des mains. On remplaça la traditionnelle bénédiction de la fin par une louange qui ressemblait à s’y méprendre à de l’adoration . Pensif, le cœur en joie, Jésus baissa les yeux et regarda ses enfants.

Les commentaires allaient bon train et chacun se demanda ce qui se passait chez les pasteurs.
Certains témoignaient avoir entendu des cris et des gémissements dans l’église, d’autres dirent tout bas qu’on se serait battu. Les deux pasteur, pourtant, n’avaient pas l’air fâché. Les bruits cessèrent d’eux mêmes quand on vit les deux frères se retrouver souvent au repas, ce qu’ils ne faisaient jamais.
On dit que la grâce de Dieu était tombé sur eux: Le réveil.

- le réveil ?
- Le réveil !

Le réveil, encore, on ne parlais plus désormais que de cela.
La rumeur parcourut la cité comme une traînée de poudre; Un pétard mouillé. Il n’y aurait pas cette fois encore de réveil dans cette ville.

"Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre." Matthieu 11:21

Les derniers événements forcèrent le Pasteur Principal à changer encore son programme.

Suite à ce mémorable samedi soir, il avait décidé d’enseigner ses fidèles sur les réalités spirituelles, cent fois prêchées il est vrai, mais pas bien comprises apparemment puisque lui-même……
Non, ce qu’il avait découvert, et expérimenté dans le bureau avec le jeune pasteur Jo devait être examiné avec soin, annoncé au peuple ignorant, et il comprenait maintenant les nombreux problèmes irrésolus qui empêchaient ses ouailles d’avancer dans la foi et les maintenaient liés dans leur pauvreté coutumière malgré leurs alléluias.
Il s’était profondément repenti devant son Dieu de sa propre incapacité à vivre l’évangile bien qu’il fasse profession de l’enseigner. Sa propre cécité et son orgueil avaient conduit à la tombe nombre de ces petits. A présent, il allait travailler vraiment à leur salut et ne plus se contenter de les faire manger.

Il avait déjà préparé son étude quand vinrent à ses oreilles ces clameurs imbéciles de réveil. Il allait protester quand il entendit une voix, qu’il sut être du Christ, lui dire d’un doux ton de reproche :

- Mais, tu leur as appris
- Appris quoi, commençait-il à se rebeller
- Appris à attendre le réveil lui dit Jésus sans penser à mal
- Oui, Seigneur, c’est moi qui l’ai enseigné; Que dois-je faire ?
- Parlez-en avec Jo et priez.

A première vue, cela ne plaisait pas trop à l’homme d’église de converser de ses manquements avec son subalterne. Bien sûr, Jésus lavait les pieds de ses disciples mais c’était une autre époque. Les temps avaient changé. Toutefois, l’Esprit qui vivait maintenant en lui le poussait à laisser de côté sa susceptibilité et il rencontra son confrère qui l’accueillit avec joie.
Ils parlèrent encore un peu de la pluie et du beau temps; Le Principal ne voulait pas demander un conseil et Jésus, comme à son habitude, vint à leur secours et dirigea la conversation.

- Oui, cette histoire de réveil me tracasse un peu moi aussi confia Jo sérieux; Je n’y crois pas vraiment.
- Moi non plus avoua l’ancien, mais pourquoi finalement n’aurait-il pas lieu ?
- Le péché révéla Jo.

 "Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays."

- Vous connaissez ce texte Robert. Le Pasteur Principal se nommait Robert.

- Oui Jo, mais les réveils du siècle dernier se sont produits avant que le peuple ne s’humilie. Ils se sont convertis après non ?
- Je ne le pense pas, dit Jo inspiré, je crois qu’ils ont entendu La Parole, se sont courbés sous la puissante main de Dieu, et ensuite, la gloire est descendue.

- Frère, que ferons nous ?
- Il faut leur parler du péché.

Jo rentra en lui même et se souvenait d’un jour où, très jeune pasteur, alors qu’il avait été invité à prêcher dans une petite église, l’ancien l’avait pris à part et lui avait dit: "Il ne faut pas leur parler du péché". Jo s’était dit: De quoi vais-je leur parler alors ? Jésus avait du penser qu’il était mort pour rien.
Le Pasteur Principal, devenu lui aussi obéissant, avait donc revu sa copie. Il parlerait au peuple. Lui dirait……

Jésus devisa avec Le Père; Ils ne purent cacher leur satisfaction.

"De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentante." Luc 15:7

On mit en place un séminaire d’étude biblique concernant le péché.
Les inscrits furent rares. Seuls, quelques habitués firent mine de s’intéresser à la chose.

- Si nous avions annoncé une étude sur les dons spirituels, vous les auriez vu accourir grommela le Pasteur Robert de mauvaise humeur. Jésus le savait.

Ils interviewèrent discrètement les membres de l’assemblée pour savoir ce qu’ils pensaient du sujet.

- Mais, nous sommes tous pécheurs dit le diacre qui en savait quelque chose
- Oui, des pécheurs sauvés par grâce affirma le recteur de l’école du dimanche. Dieu connait les cœurs.
- Mais, que faites vous du verset qui dit que les pécheurs n’hériteront pas du Royaume proposa Jo
- Dieu nous aime voyons, nous sommes sous le sang de Jésus.
- Oui, le sang de Jésus nous purifie de tout péché.

C’était net, sans bavure et sans tâches; Si on peut dire, pensa Jo.
Ces braves gens étaient persuadés que le sang de Christ nous purifie de tout péché. Pourquoi s’en priver ?

Un jour, il demanda en chaire quelle était la différence entre un païen pécheur du monde et un chrétien qui vit volontairement, dans le péché. Il proposa aux membres de venir lui donner la réponse après le culte ou dans la semaine; Il attend toujours celui ou celle qui viendra combler son ignorance.

Pasteur Robert, lui, était désespéré.
Il se rendait compte que ce qu’il avait appris jusqu’à maintenant aux autres ne tenait pas debout, et que c’était un petit peu de sa faute si ses infidèles n’avaient rien compris. Comment réparer cette bévue, comment faire machine arrière ? Il entendait lui aussi cette voix qui disait : "On ne change pas les institutions !". Il se trouvait devant un mur. Un mur infranchissable.
Il entrevoyait la possibilité d’une opposition spirituelle, il avait fait une expérience assez réaliste, mais il ne pouvait pas imaginer que son assemblée puisse être contrôlée par une possession démoniaque.

"Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes". Ephésiens 6: 12

Il ne pouvait pas accepter une évidence. Il ne pouvait pas croire que La Bible puisse dire vrai. Il parla encore avec son ami.

- Jo, pouvez vous croire que nous puissions être aveuglé ?.
- J’en ai bien peur répondit le pasteur Jo sans trop savoir.
- Mais vous vous rendez compte, toutes nos églises fonctionnent selon le même principe; Nous avons tous ces difficultés, le peuple chante et reste païen malgré nos efforts. Ce sont des milliers de gens qui sont concernés, des millions qui doivent revoir leurs pratiques et les enseignements. Tous seraient perdus et iraient en enfer ?

- C’est difficile à croire répondit Jo en remerciant le ciel de pouvoir enfin partager librement.
- Non, non, je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire; Nous devons nous tromper. Jésus, entendit avec ravissement que Robert avait dit "nous".
- Prions, vous le voulez ? proposa Jo.
- Ça me dépasse, oui, prions et consultons Jésus.

Jésus leur dit que c’était comme cela avant qu’il ne vienne sur la terre pour les sauver.

Les hommes ont toujours été religieux pour se couvrir et bien cacher la dureté de leur cœur. Ils ont toujours préféré le péché à la douce voix de Son père, ils ont préféré leurs traditions à la Vérité; Ils sont morts dans leur péché, religieux ou non. Dieu les a pourtant aimés. Il a tant aimé ce monde, Sa créature, Ses enfants, qu’Il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

- Combien de fois ai-je voulu rassembler mes petits, mais ils ne l’ont pas voulu; Ils ont tué les prophètes, ils ont rejeté Celui qui leur parle, ils ont fait l’injure à Dieu de tuer son fils, son propre fils. Ils sont maudit, ils se sont maudit eux même. Ils sont perdus.
Moi Jésus, je suis venu chercher ceux qui était perdus, je suis venu les réconcilier avec mon Père. Ceux qui me rejettent, je ne peux pas faire autrement que de les rejeter aussi. Il n’y a pas de place dans la maison de mon Père pour les Justes et les injustes. Papa est bon et droit. Il les a assez avertis, ils ont préféré la perdition.

De toutes façons, celui qui n’a pas revêtu la robe blanche ne peut souiller un lieu très saint n’est ce pas ?
Nous avons tellement pleuré pour ceux qui se perdent. Je vous ai personnellement envoyé le Saint Esprit de mon Père pour vous conseiller, pour vous aider à discerner ce qui était bon et ce qui ne l’était pas. Vous avez profané la Parole de mon Père. Voulez vous aussi salir Sa demeure ?
Désolé, cela vous ne le pouvez pas. C’est écrit depuis longtemps déjà, et vous connaissez la suite.

Vous, Robert, Jo, et vos frères, le reste, ceux qui ont revêtu l’habit de noce, ceux qui ne sont plus prostitués à d’autre dieux, je vous ai accueillis. Travaillez pour moi tant qu’il fait jour jusqu’au temps ou je viendrai en personne vous chercher. Jour de gloire pour vous emmener avec moi dans la maison.

Jo, Robert, vous êtes mes serviteurs. Faites ce que je vous demande. Sonnez la trompette et avertissez le peuple.
Si le peuple vous écoute, vous m’aurez gagné des âmes et nous nous réjouirons ensemble, les autres, les incrédules, laissez les avec leur père le diable; Ils finiront avec lui dans l’étang ardent de feu où il y a des pleurs et des grincements de dents.
Paissez les brebis, pas les rebelles, vous ne pouvez paître ceux qui ne m’appartiennent pas. Allez sur les places, allez sur les parvis, allez leur dire que je les aime et dites-leur de revenir à moi.

Jésus reprit sa respiration et poursuivit…

Mes amis, je connais votre problème.
Vous avez devant vous une foule de gens incrédules qui se croient religieux. Ils sont religieux, mais pas de la bonne manière. Ils sont comme les pharisiens, les saducéens, les sicaires et autres rebelles qui m’ont crucifié. Je vous l’ai déjà dit; ils vous feront mourir aussi, mais avant qu’ils vous sacrifient, croyant offrir une oblation à Dieu, vous devez leur dire la vérité et en sauver malgré tout quelques uns.
Oui, je sais la tâche est ardue, pénible, vous pensez que l’on ne change pas une institution.
Sur la terre, c’est vrai, mais, à mon Père, tout est possible. Je l’ai fait il y a deux mille ans; Vous, poursuivez mon œuvre et continuez à libérer les captifs. Ceux qui sont retombés dans les griffes de l’ennemi, sous la loi, avertissez-les de ma part. Ceux qui voudrons rester comme cela sont ceux qui préfèrent leurs traditions à la grâce. Laissez les mourir; c’est moi qu’ils n’écoutent pas. Ils sont perdus.

Au revoir mes amis, j’ai à faire, je dois m’occuper des affaires de mon Père. Mais ne vous inquiétez de rien; Quels que soient vos besoin, appelez moi. Je veille sur vous; Je suis là, je travaille avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Allez en paix !

Les deux pasteurs se regardaient sans se voir.
Ils voyaient la gloire de Dieu encore présente dans la pièce et leur cœur battait fort le bonheur. Jésus les avait appelé "mes amis", "mes frères". Abraham aussi était l’ami de Dieu.

Ce soir, Jésus avait fait un miracle. Les deux hommes n’oublieraient plus le ciel.

Lire la suite...

Alerte d'édition

Les commentaires sont fermés.